Madeleine et Guy

D'abord, remettons tout ça dans un certain contexte. De mon "expérience" réussie de "La La Land", j'ai retiré une sorte de lien ténu avec les personnages de Jacques Demy, notamment ceux des "parapluies de Cherbourg". Mais l'idée m'a été soufflée d'abord par le titre du premier film de Chazelle "Guy et Madeline". Un de mes éclaireurs (JuneVir) m'a dégotté le lien pour une VO sous-titrée en anglais. Que la chaleur extérieure, ce premier août, m'a incité à mettre en pratique sans délai ...

Bon, on ne va pas se mentir : le premier film de Damien Chazelle respire – un peu - l'exercice (brillant) de fin d'études … En 2009, il a 24 ans ! et aidé de Justin Hurwitz, collègue étudiant du même âge, ils bâtissent ce film musical. 24 ans et sans grands moyens, respect …

J'ai bien aimé le scénario qui prend à contre-pied celui des "parapluies". Madeline, c'est sans aucun doute, Madeleine, cette jeune femme discrète, secrète, silencieuse, timide qui assiste la tante, gravement malade, de Guy. Là, chez Chazelle, tout aussi timide et discrète, elle suit son amant, Guy, qui est trompettiste et est passionnée par tout ce qu'il fait. Elle reste dans son ombre. Le trompettiste s'en lasse et est séduit par une autre nana, Elena, rencontrée dans le métro. Plus extravertie mais aussi complètement artificielle pour qui Guy n'est finalement qu'un nouveau mec inscrit à son tableau de chasse.

J'ai vraiment aimé cette réécriture du personnage de Madeleine.

Le film fourmille de morceaux de jazz, notamment une jam session chez un particulier où il y a un numéro de claquettes et où Guy fait une prestation de trompettiste. Dans les grands moments mélo, Justin Hurwitz s'essaie à quelques mesures de musique classique…

J'ai bien aimé la voix de l'actrice qui joue Madeline, douce comme le personnage, dans toutes ses chansons. "When I kissed a boy in a park" est magnifique.

Pour éviter toute équivoque, Damien Chazelle fait démarrer le film sur une scène – amusante ou émouvante – où on voit Madeline, équipée d'un parapluie, en train de contempler un bassin dans le port de Boston …

Côté casting, les acteurs ne sont pas connus, semble-t-il (excepté D. Chazelle). Mais ils sont tous très impliqués et font parfaitement le job.

Ok, le film est en noir et blanc, il manque manifestement de pas mal de moyens, … Les transitions entre scènes mériteraient un peu plus de nuance, d'accord. Filmer caméra sur l'épaule est sportif. Ça passe facilement dans un reportage ou dans un film d'action. Ici, c'est un peu plus délicat surtout, par exemple, dans les scènes mobiles dans la rue ou le métro qui auraient demandé de calmer les mouvements de la caméra. Par contre, ça m'a semblé bien adapté à la scène de découverte de la vie trépidante de la rue à New York par Madeline pour traduire l'ivresse et la fureur devant l'accumulation des sensations qui la submergent.

Je n'en dirai pas plus, ne voulant pas dézinguer un film qui respire une telle fraîcheur ; surtout qu'on pourrait dire qu'il s'agit d'un véritable galop d'essai de La La Land.

Il me reste à trouver "Whiplash" qui, de l'avis du plus grand nombre, est une réussite aussi …

La note : c'est supérieur à la moyenne. Si j'étais honnête, je ne devrais mettre que 6 ; mais, je mets 7, histoire de laisser une petite place entre ce film et "La La Land".