"Habemus Papam", une parabole inatendue
Un tour inattendu dans Rome, des décors et surtout costumes somptueux, des scènes comiques surprenantes (le match de Volley-ball entre cardinaux): Moretti nous présente un film sympathique (prémonitoire ?) au sens éminemment psychologique.
Comment réagir en effet quand, contre toute attente (et avec une côte de 70 contre 1 !), on est désigné presque à l'unanimité pape par les cardinaux réunis en conclave ? Deux possibilités: s’acquitter de cette lourde tâche sans se poser de questions et comme tout le monde s'y attend ou s'y refuser, situation pour le moins étonnante et inédite.
Le personnage principal, interprété par un Michel Piccoli convaincant, s’essaie, doute très vite et comprend qu'il ne peut pas. Dès lors, au détour d'un rendez-vous chez une psychanalyste, il s'attache à fuir ses nouvelles responsabilités dans une Rome en effervescence. Il contemple alors, de l’extérieur, le séisme religieux qui se déroule dans la cité vaticane. Les cardinaux, trompés, ne se doutent de rien. La foule, elle, ne comprend pas, attend avec ferveur de voir paraître au balcon le visage de son nouveau guide. Et lorsque celui-ci paraît enfin, sa joie laisse bientôt place à l'effarement et l'incompréhension lorsqu'il lui explique qu'il "n'est pas de la race" des meneurs.
Moretti nous livre ainsi une leçon de vie universelle, expliquée au moyen d'une parabole inattendue (l’élection d'un pape qui ne voulait pas l'être): connaître et se connaître, assumer et s'assumer sont les maître mots de qui prétend à la maîtrise de son destin. En tirer les conséquences aux vues de tous est un acte profondément courageux, susceptible de changer bien des vies...