Optical Malady
Michael Mann affirme désormais clairement sa singularité, et par conséquent divise la critique de façon assez radicale. Les acquis à sa cause y décèlent la patte d’un auteur hors norme, se jouant du...
le 29 mai 2015
72 j'aime
42
L'échec public monumental du dernier film de Michael Mann au box office US en pleine affaire de piratage de Sony a de quoi laisser songeur sur l'avenir de Hollywood. Mann semblait pourtant avec son dernier film donner des gages à l'industrie du cinéma en proposant un thriller efficace programmé pour devenir un blockbuster...
Pourtant, le scénario de Michael Mann est d’autant plus pertinent que la destruction d’infrastructures par des attaques informatiques est loin d’être une vue de l’esprit (les stratégies de cyber attaque ont eu, outre l'affaire Sony des échos dans l'actualité récemment, avec par exemple le sabotage des usines d'enrichissement d'uranium iranien par un ver informatique).
L'alliage entre une fiction archi-contemporaine et récit ultra classique est le point le plus faible du film : les raccourcis du récit pas toujours vraisemblables, font parfois passer le scénario pour un bon vieux James Bond (Macao choisit comme décor pour le blanchiment d'argent du crime : Skyfall sort de ce corps...). On passe également sur le vocabulaire crypté très documenté qui finit par crisper (les cybercriminels brouillent les pistes au moyen de serveur proxy....).
Mais c'est quand Mann échappe à la commande, à la nécessité de faire récit (et donc au dialogue), que son talent finit par exploser.
Le monde ultraconnecté de Blackhat semble être généré par l'abstraction et le virtuel ; il suffit d'une pression sur une touche "enter" de clavier pour allumer une diode qui, au terme d'un plan séquence grandiose, déclenche une catastrophe nucléaire. Puis, au cours de l'enquête, le réel finit par contaminer le virtuel et l'humain gagner sur la machine (les gros plans et la sensualité des corps alternant avec les écrans d'ordinateurs, de téléphones portables ou d'images satellites). Cette démonstration, un brin théorique, est l'occasion pour Mann de déployer toute la palette de son génie. Les scènes d'action très physiques, filmées caméra à l'épaule feraient passer Tsui Hark pour un amateur. La fluidité du montage de Blackhat est impressionnante et produit quelques moments de grâce. On pourra toujours dire "à quoi bon". Le monde de Blackhat reste une description pertinente d'un après 11 septembre désenchanté et menaçant et dans lequel on ne peut s'échapper que par la dissolution des corps en autant de pixels d'une caméra de surveillance.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes une vie au cinéma, A Michael Mann Film, Top meilleurs films 2015, Les meilleurs films de 2015 et Films vus ou revus en 2015
Créée
le 18 mars 2015
Critique lue 765 fois
16 j'aime
D'autres avis sur Hacker
Michael Mann affirme désormais clairement sa singularité, et par conséquent divise la critique de façon assez radicale. Les acquis à sa cause y décèlent la patte d’un auteur hors norme, se jouant du...
le 29 mai 2015
72 j'aime
42
Se projetant dans un film d’action où tout se joue dans les mouvements, dans une réflexion théorique de la matérialité, dans un état de ramification de synapses cybernétiques inatteignables, Michael...
Par
le 19 mars 2015
59 j'aime
8
« La question est de savoir quelle forme accomplit ça, quelle forme de composition, quelle forme de lumière, quelle forme de musique accomplit ce que j’avais en tête ». Voilà comment Michael Mann,...
Par
le 6 avr. 2015
55 j'aime
29
Du même critique
On ne reprochera pas à Ryan Gosling de ne pas faire preuve d'imagination. Il choisit de traiter du déclin de l'ancienne capitale de l'automobile, Detroit, vidée par la crise de ses habitants (qui...
le 9 avr. 2015
53 j'aime
5
Passé une première demi-heure enthousiasmante, A Star is Born peine à convaincre et finit paralysé par des défauts d'écriture majeurs. Alors qu'il étire son récit sur deux heures et quart, le film...
le 3 oct. 2018
52 j'aime
8
Robin Campillo confirme avec son 3eme film qu'il est un des cinéastes de sa génération les plus passionnants. Il maîtrise aussi bien l'art de l'écriture (pas facile de mêler didactisme dans la...
le 24 juil. 2023
45 j'aime
1