Hairspray par Nicolas Montagne
Dans les années 70-80, un nouveau film de John Waters était toujours un événement pour le cinéma underground. Chaque nouveau métrage du sale gosse de Baltimore amenait son lot de trips gores et scatos, et sa tripotée de personnages honteux et critiques de la société. Pourtant, même si Hairspray est un bon film en soi, force est de constater une certaine accalmie dans l'esprit du cinéaste. Après l'odorant et toujours trash Polyester, le mairgrelet moustachu a peut-être eu envie de plus de réalisme. Donc, exit les dégustations d'excréments, les viols par des crevettes géantes ou les étouffement à coups de derrières d'obaises, ici tout est dans le calme. Enfin, rappelons-nous que nous sommes tout de même dans un film de John Waters!
En effet, si le côté "bad taste" de la filmographie de John Waters s'est estompé ici (Divine a pour l'occasion troqué sa tronçonneuse pour un fer à repasser puisqu'elle incarne en second rôle une mère de famille), on retrouve tout de même la tendance extrêmement critique du réalisateur: ici, derrière les aspects mignons d'un film musical sur les danses des 50's-60's, on trouve une critique féroce du racisme ambiant à l'époque, et toujours présent aujourd'hui. Nul doute que Waters, qui vit toujours à Baltimore aujourd'hui, cherche à montrer la résonnance de cet élitisme dans sa ville, et partout ailleurs, ce qu'il ne manquera pas de réitérer dans Cry Baby avec le clan des coincés.
Par ailleurs, on peut tout de même remarquer la prestation plutôt remarquable de la présentatrice Riki Lake, parfaite en petite fille trop grosse pour danser mais qui parvient à se hisser dans ce monde pour dénoncer l'intolérance. Et comme on est chez John Waters, rien n'est fait dans le pathos, mais plutôt dans l'humour, donc tout va bien!