"Une sorte de symphonie avec des allegro, des andantes et des largo, des presto agitato, où la parole elle-même ne se mêle que comme un élément rythmé" (André Gide)
Premier film parlant de King Vidor. Double ambition : dans cette ère du balbutiement du parlant : faire parler la musique et la communauté noire (qui l'intrigue depuis un certain temps pour son mysticisme au delà de son projet cinématographique). 1929, deuxième film au casting entièrement noir (mais seul Hallelujah aura la postérité qu'il mérite comme étant surement le plus vieux film parlant encore abordable aujourd'hui) et film principalement musical. Vidor ne se contente pas de faire un drame dans un contexte noir, il offre au cinéma une synthèse de la culture afro-américaine (vie religieuse, travail, vie sociale, musique) en inventant un type de cinéma mort-né, le drame musicale, qui sera éclipsé par la comédie musicale — et il n'est pas question de différence de genre ; cette grossière appellation de drame musical inclue l'idée d'intégrer des passages musicaux ancrés dans la diégèse, en l'occurrence : blues, jazz, negro spirituals, gospel.
Si le film est social en un sens (scènes de labeur dans les champs de cotons, scènes de vie quotidienne au foyer après le travail...), il ne prétend pas montrer ce qu'est être Noir dans le sud des Etats-Unis des années 20.
C'est un film sur la passion. Un jeune prédicateur tiraillé par son attirance pour une chanteuse de cabaret et son statut religieux.
"Ils étaient pour moi des gens attirants, d'une autre race que la mienne (...) en me laissant gagner par leur musique, j'étais heureux et émerveillé de sentir quelle admirable sentimentalité renfermaient leurs chants (...) je puis dire que ces gens exquis ne jouaient pas, ils vivaient selon les épisodes de l'histoire. A leur sujet il est inutile de prononcer le mot sincérité." (King Vidor)