Faire revivre Halloween 40 ans après, un pari voué à l'échec ? Le projet réunissant Jamie Lee Curtis, John Carpenter (à la musique) et appelant David Gordon Green, choix surprenant mais après tout assez cohérent, avait un bon potentiel de bonne surprise mais reste finalement un produit assez réchauffé et manque de l'originalité qu'avait pu apporter Rob Zombie dans son reboot de 2007-2009.
La patte de Gordon Green n'est pas totalement absente du film. On sait qu'il apprécie les personnages en quête de reconstruction et c'est le cas ici de Laurie Strode dont on apprend la vie difficile qu'elle a eue, sous le signe constant de la paranoïa, après les évènement de 1978. Il semble que son soulagement ne puisse venir que de la mort du souvenir qui la hante, c'est à dire Michael Myers, le tueur. De la même manière, Myers, enfermé depuis 40 ans sans prononcer un mot semble attendre l'instant lors duquel son chemin va recroiser celui de Laurie, comme si son massacre inachevé ne laissait le choix qu'au destin implacable d'une nouvelle rencontre entre les deux figures du film de Carpenter.
Mais comment faire revivre ces deux personnages après 40 ans de multiples suites et reboot venus épuiser la saga. Au détour de quelques plans, on sent des tentatives d'iconisation, mais cela ne fonctionne jamais franchement et les multiples hommages au film d'origine (une babysitter, les rappels à Loomis...) sonnent faux et forcés. De la même manière, la musique tant attendue est surtout une reprise du thème original qui est parfait lors du générique mais s'épuise en revenant trop souvent. Malgré la présence d'un ou deux nouveaux morceaux qui passent trop rapidement, après l'annonce du retour du maître pour la bande musicale, on pouvait espérer plus de titres originaux. La seule réussite du côté de la mise en scène est l'aspect brute épaisse absolue conféré à Myers. Déplacements bovins et bruits graves et sourds en font une machine à tuer qui rappelle un Terminator. D'ailleurs, la transformation de Laurie peut aussi rappeler celle de Sarah Connor entre les deux volets des films de Cameron, de la fragile victime à la vengeresse armée.
Derrière la mise en scène convenue, il reste tout de même à ce nouveau Halloween la qualité technique d'un bon artisan. Gordon Green sait filmer la nuit (surtout si on compare à la photo catastrophique du nouveau Predator) et gère sa palette de couleur entre les forêts automnales, le rouge sang et le feu orangé dans quelques compositions qui marquent l’œil un peu plus durement.
La réussite du film au box office américain laisse penser que ce n'est pas encore maintenant que nous en auront fini avec Michael Myers. Dans un Hollywood qui nous abreuve constamment de suites et de remakes, ce nouveau Halloweeen ne sort pourtant finalement pas véritablement du lot. Le prochain au crash test, le remake de Suspiria par Luca Guadagnino dans moins d'un mois.