Quand on y regarde de plus près "Halloween" est une saga plutôt bordélique. Entre La nuit des masques, Halloween 2, 3, 4, 5, 6, 20 ans après, la résurrection, le remake signé Rob Zombie divisé en deux films, et le Halloween de 2018, autant dire qu'il y a de quoi faire. C'est d'autant plus difficile de s'y retrouver quand on sait qu'un coup tel film est la suite directe de tel autre, que le 3ème s'appelle Halloween mais n'a aucun rapport avec le reste, que tel autre fait l'impasse sur les quatre ou cinq précédents pour faire suite au second et qu'au final non, autant tout rebooter dans le vent puisque le dernier en date est une suite directe du premier film... Ce que je raconte n'a aucun sens ? Alors ça résume plutôt bien l'état de cette longue saga qui s'étire aujourd'hui sur onze films.
Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle est à l'image de son personnage principal : elle en a prit plein la tronche et aurait du mourir plusieurs fois au vue de la qualité parfois douteuse de ses apparitions (sans compter les quasi échecs commerciaux, les projets avortés et compagnie), mais 40 ans après le premier film de Carpenter qui a fait date dans l'histoire des slashers, elle est toujours là.
Il parait donc normal (pour les producteurs) que pour l'anniversaire de la saga un nouveau film débarque sur les écrans. Pour faire simple il est sobrement appelé "Halloween". On pourrait croire à un reboot du coup mais il n'en est rien, c'est belle est bien la suite de La nuit des masques. Sauf qu'ici l'histoire se passe quarante ans plus tard.
On y retrouve donc un personnage familier en la personne de Laurie Strode -toujours campée par Jamie Lee Curtis- qui en plus d'être aujourd'hui grand-mère, s'avère être une survivaliste aguerrie. Vivant isolée, en retrait de la société et ne sortant jamais de chez-elle, elle semble s'être préparée toute sa vie à un nouvel affrontement avec l'objet de son trauma : Michael Myers. Surarmée et surprotégée, elle est prête à en découdre. Plus encore quand Halloween approche ...
Bien entendu, c'est pile à ce moment que le bougre est transféré et que l'histoire se répète ...
Facile alors de deviner la suite. C'est d'ailleurs ce que l'on pourrait reprocher à ce Halloween version 2018, limiter la prise de risque en optant pour la facilité avec une transposition de l'histoire d'origine des années après. Même si sur ce point, les scénaristes se sont contentés du peu, là où le film tire son épingle du jeu c'est dans l'évolution de Laurie. Jamie Lee Curtis fait un retour fracassant et porte véritablement le film sur ses épaules en grand-mère vengeresse et déterminée.
La violence froide mais brutale de Michael Myers est aussi un point fort de la bobine, elle colle plus à l'époque actuelle là où dans le film de Carpenter il était un peu mou du genou à ce niveau (mais autre temps, autre moeurs pour ainsi dire et ça n'a donc rien d'étonnant). Le film ne se montre d'ailleurs pas avare en scènes chocs et macabres et la tension y est bien gérée. Dans son mutisme le plus absolu, la mort silencieuse y joue du couteau sans retenue et sans filtre pour le plus grand plaisir des amateurs du genre. Bon comparativement à la version bestiale et brutale de Rob Zombie c'est gentil, mais il faut dire que l'homme est un spécialiste du genre. C'est d'autant plus un "plaisir" de retrouver cet iconique méchant du cinéma quand les notes de piano du premier film accompagne ses errances le soir d'Halloween ...
Enfin bref, voilà un retour inattendu mais efficace du mythe qui s'avère être une bonne surprise, du moins pour ma part. Reste maintenant à voir si pour les 60 ans du film il y aura un énième retour avec une Jamie Lee arrière grand-mère (et en déambulateur haha) et bien sur entre temps une multitude de suites, reboots,remake pour mettre un peu plus le boxon dans cette saga qui n'a peut-être pas dit son dernier mot ...