Après un passage à vide revigorant et un reboot tantôt réaliste tantôt guignolesque par Rob Zombie, la saga Halloween revient (encore) d'entre les morts pour perpétuer la nouvelle mode à Hollywood : la suite qui ne prend pas en compte les précédentes. Ainsi, à l'instar de Superman Returns, Texas Chainsaw 3D et Terminator Genisys, le sobrement intitulé Halloween (pourquoi faire compliqué ?) efface tous les films sortis depuis et se proclame "véritable" suite du premier opus. Un parti-pris commercial sans équivoque qui doit en avoir sous la caboche autant que dans le pantalon.
Confié à David Gordon Green, auteur de drames cool comme de comédies bas du front, ce nouvel épisode s'est bien entendu auréolé de l'aval suprême de John Carpenter et d'une mini-réputation de messie pour une saga partie dans tous les sens. Hélas, sans la moindre prise de risque, filmé mollement et oubliant toute règle de tension, ce Halloween 2018 s'avère au final l'un des moins réussis. Marchant sur des œufs, soucieux de ne s'attirer aucune foudre des fans et ne faisant que singer la mise en scène de Carpenter (efficace mais tout de même âgée de 40 ans), Green et ses scénaristes nous livrent un produit terriblement creux, impersonnel et sans ambition.
Débarrassé de tout suspense, proposant des séquences soit vues et revues soit d'un ridicule atterrant et interprété mollement par des acteurs pas franchement motivés, le film n'insuffle pas la terreur qu'il était sensé remettre en selle, proposant tout au plus un slasher daté qui peine à donner un coup de fouet à la saga. Même la présence de Jamie Lee Curtis ne sauve pas le film, son personnage de folle paranoïaque et alcoolique lorgnant plus vers la parodie que vers le drama traumatique. Ainsi, en dépit de rares bonnes idées (ce meurtre dans le jardin des voisins, éclairé sporadiquement par les détecteurs de mouvement, une idée géniale mais mise en scène avec les pieds), d'une esthétique léchée et d'un petit plan-séquence effectivement réussi, cette énième refonte ne propose rien de neuf et atterrit dans le panier des suites inutiles, aux côtés des autres.