Étant donné que ce film est le remake de l'autre, une comparaison est inévitable tant Halloween 2007 (H07) reprend la trame générale du Halloween de Carpenter (H78).
Première et grossière erreur, Zombie décide d'expliquer (lourdement) ce qu'est Michael Myers.
Le jeune Myers grandit dans une famille (très) dysfonctionnelle: le beau-père est un alcoolique hargneux, la mère est une strip-teaseuse et la grande sœur n'en fait qu'à sa tête (en plus d'avoir un look vulgaire d'allumeuse).
Forcément, le jeune Michael (Daeg Faerch) n'a aucun repère de "normalité" en plus d'être un asocial de nature.
Mais il a aussi des tendances psychopathiques (puisqu'il torture et tue des animaux) qu'il mettra à contribution pour "punir" un collégien qui aura le malheur d'émettre des propos tendancieux sur sa mère.
Puis la punition s'étendra sur Ronnie (William Forsythe), Judith (Hannah R. Hall) et son petit-ami Steve (Adam Weisman).
Sa mère (Sheri Moon Zombie) sera évidemment horrifiée.
On notera aussi que Faerch a le look "psycho" avec son visage étrange, ses cheveux filasses et son hygiène douteuse.
Bref, ce Myers version Zombie est un cliché qui entraine le film vers une démonstration fort inutile.
40 minutes pour nous expliquer pourquoi Michael deviendra "Myers" (le terme The Shape n'étant pas utilisé dans le film de Zombie) dans ce H07 contre 5 minutes dans H78, où on découvrira un enfant tout simple commettre l'irréparable et ce, sans aucune explication.
D'où un grand mystère entourant le Myers de Carpenter, ce qui fait en fait sa force.
Une fois cette "nouveauté" passée, la suite de H07 s'enfonce dans un remake servile, sans aucune originalité et donc sans saveur.
L'évasion du Myers adulte (carrure impressionnante de Tyler Mane) est aussi justifiée par la scène où il brise ses chaines lors d'un transfert et tue les gardes.
Dans le Workprint et la version Unrated, c'est encore plus dément car ce sont un garde et son cousin qui décide de violer l'une des pensionnaires (merci le bon goût) dans la cellule de Myers (WTF ???).
Celui-ci les tue et s'échappe donc...
Alors que dans l'original, on ne sait pas pourquoi tous les patients se baladent dans le parc, mais on sait que Myers en profite pour se faire la belle.
Un mystère de plus qui façonne la légende "Myers".
Laurie Strode est un personnage fade (comme dans l'original) mais pourtant délurée (signe des temps?) et ce n'est pourtant pas la faute de Scout Taylor Thompson, puisque celle-ci incarnera le même personnage dans le Halloween II de 2009 (HII09) mais bénéficiera enfin d'une vraie caractérisation tragique.
Le Docteur Loomis passe d'un homme obsédé par son patient "inhumain" (Donald Pleasence dans H78) à un psy devenant opportuniste en sortant un best-seller sur le cas Myers, avant de redevenir un psy consciencieux (H09).
Un personnage versatile, donc.
Aussi bizarre que cela puisse paraitre, la première partie (l'enfance de Myers) est bien plus intéressante (toute proportions gardées) et rythmée que le reste du film, qui n'est qu'une pâle copie de l'original et ce, au plan près parfois...
Quant au score de Bates, il est assourdissant (mauvais mixage?) et appuie chaque scène avec une lourdeur insensée.
Hystérique et bruyant, H07 est un film épuisant.
Pourtant, la réalisation de Zombie se défend très bien et il y a même une scène touchante (lorsque Myers tend une photo où il est en compagnie d'une Laurie bébé, comme pour lui dire "tu vois, je suis revenu rien que pour toi, ma sœur chérie"..
A noter que la fin originelle (celle visible dans le Workprint) voyait un Myers retenant sa sœur en otage et Loomis de lui proposer de prendre sa place.
Myers obtempérait (un soupçon d'humanité?) puis tandis que Loomis et Laurie avançait vers le cadre, Myers (en arrière-plan, donc) s'avançait soudainement, déclenchant une exécution de la part de la police présente sur les lieux.
Une fin bien plus subtile que celle proposée dans le métrage final.
Loomis dit à Myers:
"-I failed you, Michael".
Serait-ce un aveu inconscient de Zombie..?
Celui-ci -une fois sorti de ce carcan de remake avec son cahier des charges imposé- prouvera pourtant avec HII09, qu'il est capable de transcender son sujet pour transformer une séquelle en jeu de massacre étrange, mélancolique, jusqu'au-boutiste (surtout en version Unrated) et offrant par la même une œuvre s'affranchissant formidablement de son concept.
Quoiqu'il en soit, cette relecture pêche de par son concept même et enlève tout mystère à la mythologie Myers...