En raison du succès de Halloween, de nombreuses sociétés de production ont tenté de produire une suite et c'est le producteur italien Dino De Laurentiis qui acquiert les droits de la franchise. Les producteurs Moustapha Akkad et Irwin Yablans, déjà présent sur Halloween, investissent eux aussi dans cette suite et Halloween II obtient un budget de 2.500.000$. 

Moustapha Akkad et Irwin Yablans approchent John Carpenter pour la réalisation de la suite. Les tractations sont difficiles, car Carpenter décline l’offre affirmant qu’il a déjà fait le film une fois et qu’il ne souhaite pas le faire à nouveau. Un procès sera même intenté par Irwin Yablans à John Carpenter. Toutefois, l'affaire se règle à l'amiable, John Carpenter acceptant d'écrire le scénario en échange de son retrait du poste de réalisateur. 

John Carpenter tient néanmoins à s’assurer du succès de l’entreprise car il officie en tant que producteur. Il choisira lui-même le débutant et inconnu Rick Rosenthal qui avait tourné dans la série Secrets of Midland Heights. John Carpenter explique qu’il a choisi Rosenthal car il avait fait un court-métrage fantastique plein de suspense et de tension  : Toyer.

Comme pour Halloween, John Carpenter est le compositeur de la bande originale qui restera sensiblement la même que dans le premier opus. Carpenter se fait aider par Alan Howarth n’étant pas un musicien de métier. Si la première bande originale était culte, celui-ci ne sonne pas tout à fait aussi bien, mais n'en reste pas moins une pièce classique.

John Carpenter et Debra Hill écrivent le scénario en ayant pour but de clôturer l'histoire de Michael Myers et de Laurie Strode. Ils choisissent de situer Halloween II quelques secondes après la fin de Halloween pour poursuivre le massacre de la ville de Haddonfield. 

Il est d'ailleurs facile de remarquer que le redoutable Michael Myers ne tombe pas du même coté de la maison, ainsi que la suppression pure et simple de la scène ou l'on aperçoit furtivement son visage. Malgré les six balles tirées par le Docteur Loomis, le boogeyman est toujours vivant et sa soif de sang est décuplée. 

Le récit va se scinder en deux partie : d’un coté le Docteur Loomis qui traque son patient dans une ville en proie à la panique suite à la découverte des cadavres, et de l’autre côté un hôpital étrangement vide où Michael Myers va décimer le peu de personnel présent pour retrouver la survivante Laurie Strode.

Le Docteur Loomis poursuit son enquête dans Haddonfield en étant convaincu que l'assassin cours toujours malgré les six balles qu'il lui à envoyé dans le buffet. L'acharnement de Donald Pleasence est très bien retranscrit à l'écran. Notre bon docteur a suivi le cas de Michael Myers de son internement jusqu’à ce 31 octobre. Il a échoué à prolonger son emprisonnement alors qu'il connaissait la bête immonde tapie à l'intérieur de Myers. Il se sent coupable dans cette affaire et se fait un point d'honneur à vouloir arrêter le tueur, essayant ainsi de rattraper ses erreurs. Ce qu'il entreprend avec la peur au ventre ainsi qu'une certaine panique incontrôlée et paternaliste, en témoigne la fin tragique qu’il se donne lui-même afin d’arrêter son boogeyman. 

Quant à Laurie Strode, elle n'est plus que l'ombre d'elle-même. Elle est fatiguée, blessée, usée, terrifiée. La Scream Queen Jamie Lee Curtis semble donc hautement vulnérables face au boogeyman. Le spectateur ressent cette faiblesse comme la sienne et se trouve bien démuni face à ce monstre. Un public habitué aux héros stéréotypés jusqu'à la caricature, mais aussi dotés d'une résistance nerveuse et physique surhumaine. Les clichés sont évités. 

L’élément le plus important reste, sans aucun doute, ce qui va sceller le destin scénaristique de la saga originelle car c’est dans cet opus qu’est révélé le lien fraternel entre Laurie Strode et Michael Myers. Un rebondissement que je n’apprécie que peu car en donnant un mobile aux meurtres du boogeyman, on perd l’image du Mal Absolu qui tue sans raison apparente qu’il représentait dans le premier film.

En post-production, à l’issue du premier montage, John Carpenter juge le film lent et inefficace. Le cinéaste décide donc, à contre-cœur, de tourner lui-même quelques scènes additionnelles et de remonter en partie le film afin de le rendre plus dynamique. 

C’est à ce moment que John Carpenter va prendre la décision d'insérer plus de gore et de nudité car il voulait un film beaucoup plus violent que l'original. Il avait peur que certaines images soient jugées trop inoffensives par le public. Une décision prise sûrement à cause (ou grâce) au Friday the 13th de Sean S. Cunningham, mais une décision qui s’avère payante avec les 25.000.000$ récoltés au box-office.

De son côté, le réalisateur Rick Rosenthal n'est pas satisfait des modifications de John Carpenter. Il pense que le réalisateur du premier film a ruiné le rythme du film. 

Halloween II n'est définitivement pas dissociable du premier opus et perd quasiment tout son intérêt en étant visionné séparément. Certains montages plongeant de Michael Myers dans des ombres monochromes juxtaposées à des couleurs criardes évoqueront le cinéma expérimental et chatouilleront ainsi la rétinite du spectateur novice. Ce sont néanmoins les deux premiers volumes qui définiront certaines bases inébranlables du slasher.

StevenBen
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le 23 oct. 2022

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Steven Benard

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