Plus de quarante ans après sa sortie, voilà un slasher qui n’a pas trop vieilli. Bien entendu, on y retrouve toutes les ficelles du genre mais c’est franchement bien mené. À l’écriture, John Carpenter et Debra Hill n’ont pas galvaudé le travail, proposant une suite directe à La Nuit des Masques. Par conséquent, le film ne s’embarrasse pas d’une trop longue introduction des personnages, tout juste assure-t-il un passage de témoin efficace des protagonistes du premier opus avec ceux de cette suite. Michael Myers, de son côté, est tout de suite en action. Plus monolithique encore, il dessoude à tout-va, d’abord en ville avant de rejoindre l’hôpital où il poursuit la pauvre Laurie Strode. Au-delà d'une révélation dispensable car franchement tirée par les cheveux, cette suite apporte peu de choses mais elle le fait plutôt bien.
Aux manettes, Rick Rosenthal reprend les bonnes recettes initiées par John Carpenter. Immersion dans la peau du tueur, violence feutrée, suspense entretenu avec ou sans musique, actes surprenants pour faire bondir du siège le spectateur, soit toute une somme de stratégies bien connues pour créer un joli suspense. Les personnages aux mœurs légères se font châtier, les hommes d’abord et les femmes dans la foulée. La police est incrédule et totalement inefficace. Seule notre héroïne et l’ami Donald Pleasence, qui a repris son rôle du docteur Loomis, semblent taillés pour faire obstacle au croque-mitaine. Bien entendu, cette suite joue, comme il se doit, la règle de la surenchère avec des scènes un peu plus gores (même si le spectateur du XXIe siècle en a vu d’autres) et une confrontation finale plus spectaculaire.
Cette suite va donc plus loin mais elle a l’intelligence de ne pas aller trop loin. Alors certes, sur le fond, le film ne raconte pas grand-chose de plus que son prédécesseur. Le film se contente de reprendre la recette du premier pour créer la terreur et faire claquer le tiroir-caisse. Mais dans une décennie saturée de slashers, celui-ci sort du lot. Il ménage avec intelligence son suspense et ne verse pas dans le grotesque comme beaucoup de ses contemporains. En somme, et c’est d’autant plus rare dans ce genre de films, cette suite constitue un bon moment de cinéma. En revanche, il aurait fallu s'arrêter là.