Oui, donc, apparemment, c'est tendance de faire un jeu de mots dans le titre de la critique ici donc en voilà un bien pourri: après 2 épisodes (à partir du faux reboot/vrai suite, démerde-toi), il est temps de payer les factures! (ça valait le coup, non?)
Petite remise en contexte, la saga Halloween comprend plus d'une dizaine de films, des séquelles, reboot, univers parallèles composant un joyeux bordel à la qualité très variable, à partir duquel on peut se demander s'il reste des choses pertinentes à raconter au sein de cet univers. Question à laquelle je ne saurais répondre mais qui m'a amené à aller découvrir en salle en 2018 ce que David Gordon Green et Danny Mc Bride avaient trouvé de pertinent à raconter. Trêve de suspense, en ce qui me concerne, pas grand-chose, une belle paresse d'écriture, une mise en scène qui se voulait stylisée mais vide de sens et ce qui m'est apparu comme une incompréhension du mythe de Michael Myers.
Aussi, ce qui m'amène ici est, il est vrai, une certaine curiosité malsaine, associée à un amour déraisonné pour le slasher. J'ai tendance à séparer les slashers en 2 catégories distinctes:
- les slashers "classiques", qui ont conscience de ce qu'ils sont et ont l'intention modeste de divertir en organisant un joyeux massacre, s'amusant en plongeant dans les clichés du genre et en créant des mises en scène de meurtre "ludiques"
- et bien-sûr, ceux qui nous intéressent ici, les slashers "conscients". Le représentant historique est bien entendu Scream qui digérait des années de slashers pour nous proposer une réflexion méta et une vision plus cynique du genre.
En ce qui concerne, cette nouvelle saga, j'aurais tendance à l'ancrer dans cette catégorie pour le côté "conscient". Conscient qu'on s'attaque à une saga qui a plus de 40 ans d'existence et à laquelle il faut ajouter la pléthore de slashers et métaslashers qui ont vus le jour.
Et bien cette séparation de toute façon vole un peu en éclat avec ce nouvel opus, qui semble vouloir se montrer novateur (oups, raté) mais se vautre dans les pires clichés. Ecrire en 2021 des personnages aussi stupides, et au 1er degrés, est pour moi une insulte au spectateur. Dans le cadre d'une séquelle où les personnages ont conscience que l'antagoniste est une machine à tuer littéralement increvable, comment peut-on écrire ce genre de situation où on continue de se séparer par petit groupe, juste après le massacre du 1er opus??? Y compris les héroïnes??? 3 dans une voiture, un personnage décide d'entrer seul dans la maison où se trouve le mec qui a massacré la moitié de la ville, a survécu à des coups de feu, des coups de couteau, un incendie...Et personne ne moufte???
Un des points qui se veut original est qu'
une partie de la population décide de chasser Michael Myers dans la ville. Seulement, on va quand même faire des petits groupes, hein???
On va tenter de créer une ambiance de paranoïa avec ces gens-là. Et si on faisait arriver un mec louche ensanglanté et avec la paranoïa, les gens vont croire que c'est Michael, ils vont vouloir le buter, ils le poursuivent, c'est la panique, le mec a peur, se sauve et finit par sauter par la fenêtre et meurt comme une merde. Oh la la, "Michael nous a transformés en monstre". Ca fait réfléchir... Sauf que le gars se pointe en criant "Aidez-moi" et que c'est un petit gros sans masque. Mais qu'est-ce qu'on s'en fout, c'est dynamique, c'est la panique. C'est pour ça que quand la petite fille de Laurie crie "c'est pas lui!", tout le monde s'en branle et la bouscule.
Bon, ok, admettons, le film a été écrit par une huître, passons...
Le fan-service:
- on nous balance plein de personnages secondaires (tertiaires ouais) avec 3 lignes de dialogues, qui ne serviront à rien et on te balance des images du 1er film en mode coups de coude "tu te souviens", mais là c'est du coup de coude muay thai à ce stade.
- Jamie Lee Curtis est à l'hôpital et récite une dissert sur le "Mal" à son voisin de chambre. LA scène d'action avec elle, c'est quand elle sort de la chambre, elle se fait bousculer par la population en panique, du coup, mal au ventre, elle retourne se coucher pour finir sa dissert tranquillou. 20/20 Jamie, sans toi, le film s'écroule.
- ah ouais, ya aussi un flashback moisi avec un Loomis en images de synthèse.
Les meurtres:
Bourrins, sans idée particulière, sans suspense
Ex 1: mec rentre dans la pièce (tout seul, pas de lumière, normal), tourne la tête à droite, puis à gauche, ah Michael était à gauche, surprise. Michael le poignarde à l'aide d'un objet aléatoire à un endroit aléatoire. Ah, c'est pas assez dégueu, il lui enfonce les doigts dans les orbites, ça, c'est dégueu.
Ex 2: ben c'était un couple en fait, son mec était en bas. Oui, ils s'étaient séparés, c'est normal mais ils avaient une idée maligne, ils continuent à se parler à distance pour savoir si ça va bien. Top! Ben il monte, il voit son mec mort, s'apitoie dessus. Ah Michael est en face. "Je pars en courant ou je reste sur place en criant Noooon". Réponse B.
Extrait exclusif des scénaristes en plein brainstorming pour ce meurtre:
-Bon, on le tue comment, lui?
-Heu...je sais, on le poignarde avec un objet aléatoire à un endroit aléatoire. Haha!
- T'es con, on l'a déjà fait. Mais j'ai plus trop d'idée...
- Et ben, je sais, traveling avant arrière trop classe qui sort de la maison par la fenêtre et on entend le blaireau crier "Noooooon!"
Check des génies.
Je vais m'arrêter ici pour le massacre, qui est de circonstance. Je suis réellement désespéré de voir des gens sans idées se voir attribuer de tels projets budgetés à plusieurs millions et ce pour pondre des trucs aussi insipides. Et de me dire que cette daube trouvera son public et aura une distribution en grande pompe quand d'autres projets galèrent à se frayer un chemin en salle.
Et rematez ou matez Halloween 1, 2 et H20. C'est en tout cas tout ce que cet étron m'a donné envie de faire...