On a parfois l’impression d’un grand hasard là où au fond rien ne pouvait être plus significatif que le choix qu’on vient de faire.
Certain vont bien essayer, par exemple, de te faire croire que c’est le Dieu Euro qui régit l’univers (pour en fait tenter de masquer maladroitement leur indécision ou leur manque de discernement coupable) alors qu’évidemment, le plus souvent, il n’y a aucun hasard.
Enfin, sauf en ce qui concerne l’origine de la vie.
Bref.
Bref, comment ne pas finir la journée que nous venions de passer, une réunion de membres de SensCritique du sud-est, autrement que par un film à sketchs ? Appelez ça le destin ou ce que vous voulez, mais quel meilleur procédé pouvions nous trouver pour illustrer cet empilage redoutable de séquences improbables dont chacun fut, à son tour et au cours de la journée, le front-man parfois inconscient ?
Ok, je sens que tu veux du détail. Du concret.
Oui je te tutoies. Sans doute l’influence subliminable de Kenshin.
(laisse, Bung, le b en trop, c'est exprès)
Alors, tu vois, t’as d’abord eu celui qui s’annonça invincible, fort de ses 8 années de pratique en club dans un sport que Tom Hawks illustra de manière inoubliable, un sport à base de raquette et de table. Je te fais pas un dessin.
Inoubliable comme la branloute qu’il endura contre le maître des lieux à trois reprises, et dans des proportions qui frisèrent un pathétique que Vania, le héros d’Humiliés et offensés, le superbe roman de Dostoïevski, ne renierait pas.
Invoquer des éléments hostiles (vent, soleil, raquette) tiendrait presque de la posture Poutinienne dans de telles circonstances. Ce qu’il osa pourtant faire.
Bien sûr, il t’en faut plus.
Imagine maintenant un pikachu fait homme, dont la dernière pratique sportive autre que sexuelle remonte à un moment d’égarement au CM2, se lancer dans un concours de positions défiant à la fois la bienséance, le bon goût et les lois élémentaires de l’équilibre pour un résultat footballistique anémique, contrairement à son tour de taille homérique, provoquant des douleurs musculaires et articulaires qu’il ne put noyer qu’à grand renfort de boissons alcoolisées qui lui permirent, je te l’accorde, de rire bruyamment et de façon très peu statique pendant le film dont il pourrait être, à un moment ou un autre, question dans cette chronique.
Pardon ? Oui, c’est vrai: certaines positions évoquées plus haut (je tiens des photos à disposition des plus curieux d’entre vous) ne dépareilleraient pas dans certaines scènes dont Loo est le héros, pastiche un peu lourdingue de Bruce Lee, au cours du plus long sketch du film de John Landis.
Ça ne te suffit pas, j’en suis conscient.
Alors t’as aussi ce membre énigmatique qui décida de coller sa progéniture charmante et adorable, mais âgée de moins de 24 mois, devant les 1h25 d’un définitif Persona sur grand écran, avant de la requinquer, il faut ce qu’il faut, par une solide gorgée de Mojito.
Je n’en suis qu’à trois des membres des sept que compta cette journée rabelaisienne, et un compte-rendu exhaustif des avanies SensCritiquiennes IRL non encore évoqués pourraient alourdir un peu trop l’ensemble. J’abrégerai donc à partir de maintenant un récit dont je réalise qu’il dépasse déjà largement les limites initiales que je m’étais fixé (Bung, pour l’accord du participe passé, je te laisse voir).
Tu eus donc, pour encadrer les portraits emprunts de stupeur mais rigoureusement fidèle à une réalité fascinante que je viens de brosser, le cas de ce membre incapable de boire un des innombrables breuvages alcoolisés qui seuls permettent un dialogue intelligible et tenu, qui se montra de la plus parfaite immobilité quand vint le moment des projections. Si cela peut se comprendre devant le génie indiscutable du réalisateur suédois (génie auquel il resta du reste parfaitement imperméable), ce fut beaucoup plus inquiétant quand vint le moment du Kentucky Fried Movie, à tel point qu’il me fallu à plusieurs reprises vérifier si le lascar était encore psychiquement parmi nous. Après vérification, ce n’était finalement que le niveau désastreusement potache des gags des ZAZ qui bloqua à la source ses possibilités d’exprimer un sentiment prosaïquement humain comme le rire.
Tu entendras rapidement parler de ce jeune membre encore inconnu deux heures avant le début de cette journée prévue de longue date qui, se permettant de ne répondre à aucun de nos messages prodigués sur un réseau social que les gens de son âge sont censés maîtriser, était prêt à nous insulter copieusement avant que l’on organisât en cinq minutes un convoyage digne de 123envoiture.com, ce que nous ne devions jamais regretter tant sa présence fût agréable et parfaitement dans le ton de la journée.
Enfin, nous eûmes droit à la moitié d’un couple que nous pensions jusque là indivisible, ce qui nous permit de constater un sens de l’analyse certain (votes cohérents dans le cadre de la coupe, avis lucide sur le cinéma nippon le plus déviant) caché sous une élocution incertaine et un lever de coude qui me fit penser que le garçon allait finir aux urgences.
Alors, au final, t’as l’impression que je ne t’ai pas dit un traitre mot du film, et bien sûr tu te goures dans les grandes largeurs.
Parce que le film aussi, c'est ça: un truc inégal, parfois grotesque, outrancier, un peu lourd mais en même temps fugacement lumineux, globalement agréable et souvent hilarant.
D’ailleurs t’as une scène qui résume tout cela bien mieux que tout ce qui précède. La séance de ciné en sensorama. Ce ciné-kloub, c’était ça: l’odeur, le mouvement, l’ivresse, le bruit, et cette curieuse sensation que tu as peut-être frôlé le pire et le meilleur dans le même laps de temps.
Par contre, il a manqué à ce moment singulier la présence de gens du nord (tous ceux qui habitent au dessus de Célony -je te laisse chercher-) pourtant invités, et surtout, surtout (et contrairement au film) de représentantes de la gent féminine.
Hein les filles ?
On compte sur vous pour la prochaine.