Ce film est passé assez inaperçu à sa sortie en 1987, sinon pour dire "Encore un film sur le Vietnam !", je m'en souviens, à l'époque il n'y en avait que pour Platoon qui permettait à l'Amérique de ressasser son spleen et de s'auto-psychanalyser, et pourtant, avec Platoon, ce film est sans aucun doute le plus criant de vérité sur cette sale guerre en rendant compte de la vacuité de la guerre, et de cette putain de colline où des centaines de soldats ont été transformés en chair à pâté, d'où son nom de "Hamburger Hill". Une colline 937 soi-disant position stratégique qui se révèle parfaitement inutile. Le réalisateur en tant qu'Anglais, donne son point de vue impitoyable sur ce fait d'armes vain, sans esbroufe, sans donner de leçon, sans glorifier le soldat, sans dénigrer l'Amérique. C'est de l'héroïsme désespéré, c'est la boue, le sang, le bruit et le carnage où triomphe la mort et où les hommes sont touchants dans leurs attitudes.
Avec une sorte de rigueur documentaire plus poignante que les grands discours patriotiques, le réalisateur livre un témoignage âpre et violent qui remue les tripes en ne faisant pas grâce au spectateur d'images qui heurtent la conscience et le regard. Sorti en pleine réhabilitation des vétérans du Vietnam, le film a fait déborder une coupe qui était déjà bien assez pleine, en faisant prendre conscience du mépris aveugle dans lequel on a jeté ces soldats, relayant ainsi Oliver Stone et son discours dans Platoon. Mais le principal intérêt du film n'est pas tant les combats acharnés auxquels on assiste, mais bien plutôt la vie quotidienne de ces recrues (souvent de la bleusaille destinée au casse-pipe) en dehors des assauts, leur sentiment d'isolement et d'abandon par rapport à leurs proches restés au pays, leurs moments de détente au boxon local, et toutes les infos à gérer pour simplement survivre, qui passent de l'hygiène dentaire à la manière de progresser sur cette maudite colline. C'est sans doute pour ça que le réalisateur a écarté les stars de son casting constitué de bons acteurs de second plan où se détachent Dylan McDermott, Courtney B. Vance et Steven Weber, et où l'on remarque un Don Cheadle jeune qui débutait. Un film qui a quelque chose de pathétique et de traumatisant, mais un film à voir.