Zeffirelli choisit de contraster fortement avec la version de Laurence Olivier.
Alors qu'Olivier a fait d'Hamlet un quasi-huis clos onirique en noir et blanc dans un château théâtral claustrophobique et labyrinthique, Zeffirelli choisit des couleurs vives, des costumes luxueux, des décors intérieurs immenses et réalistes, et l'utilisation régulière de magnifiques extérieurs. La représentation du fantôme du roi résume toute la différence : chez Olivier, le fantôme est un vrai fantôme, une inquiétante apparition sonore et visuelle au milieu des brumes; chez Zeffirelli, Paul Scofield est filmé sobrement sans artifices et n'a pas le même effet.
L'approche du personnage est aussi très différente. Laurence Olivier, sobre et mélancolique, s'effaçait derrière le texte, Mel Gibson lui communique son énergie bouillonnante et son expressivité. Ça donne un Hamlet plus animal que cérébral, plus torturé que mélancolique mais toujours captivant. Gibson semble très à l'aise avec le texte et le casting qui l'entoure est excellent - même si plus hétéroclite que celui d'Olivier composé exclusivement d'acteurs de théâtre britanniques.
Le texte n'est pas intégral (il y a une scène où le texte a été enlevé) et des scènes ont été déplacées, ce qui est aussi le cas chez Olivier, mais le texte et le personnage sont globalement respectés.
L'adaptation de Zeffirelli est moins austère, plus énergique et plus réaliste que celle d'Olivier, et on reste à l'extérieur du cerveau d'Hamlet.
Finalement, je préfère la vision plus angoissante et moins réaliste d'Olivier qui, par sa mise en scène, nous place à l'intérieur du cerveau d'Hamlet.