Pendant tout le visionnage, je m'efforcerai de comparer la portée dramatique de ce film avec celle de "Tokyo Sonata", les deux films étant assez semblables sur leur thème et l'aboutissement de ce thème, c'est-à-dire la déconstruction de "l'idéal" familial japonais au nouveau millénaire. Sauf que c'est se tromper de cible. Car si les deux films traitent de la même chose, les deux réalisateurs sont à l'opposé dans leur traitement. Toyoda arrive en effet à allier liberté totale de mise en scène et renouvellement perpétuel de celle-ci pour que nous apparaisse clairement mais aussi brutalement les pensées (tourments) des personnages). Ainsi l'artifice du rêve, sa distorsion apparaît ici via des métaphores appuyées qui ne se refusent rien, abandonnant la subtilité pour nous attaquer directement dans notre confort, cela aboutissant la plupart du temps par des envolées lyriques planantes. Ces pensées, qui sont le cœur du film dont le sujet est le secret qui tue l'épanouissement du cocon familial, prennent à chaque fois une forme différente. la forme mute pour mouler au plus proche le ressenti du personnage et en même temps hypnotiser le spectateur qui se délecte et devient avide du style tellement envoutant de Toyoda, qui se rapproche d'un Noé ou d'un Lynch. Cette créativité notons-le tout de même, s'inscrit pourtant parfaitement dans une cohérence esthétique du symbole, et semble donc parfaitement refléter l'idée du réalisateur et ce qu'il veut nous raconter, ce qu'on pouvait reprocher à "Pornostar", film qu'il avait réalisé 10 ans auparavant.
Bref il est intéressant de voir comment les réalisateurs du cinéma japonais contemporain arrivent avec un matériel qui semble devenir un poncif (la famille traditionnelle japonaise) à distordre ce dernier pour offrir en permanence un nouvel objet de cinéma, sincère et lucide.