Le film était presque parfait.
Le cinéma d'action pur et dur a extrêmement de mal à se renouveler, et depuis les dernières icônes du genre dans les années 90, les vagues tentatives opérées dernièrement ont souvent déçu, la faute à des personnages pas attachants pour deux sous (Salt en est un bon exemple), mais c'est là qu'Hanna intervient, donnant un grand coup de pied dans cette ruche pourrie de l'intérieur.
Joe Wright, qui s'était habitué à un registre oscillant entre drame et romance, s'en éloigne ici totalement pour se concentrer sur l'actioner. Dans le fond ça ressemble un peu à Au revoir à jamais ainsi qu'à Dark Angel, l'agent fatal (et mutant) nous y renvoyant très vite, mais il manque un léger quelque chose pour que la sauce prenne réellement. Wright avait de bonnes idées, s'inspirant d'un style clipé pour diriger ses scènes d'action, tout en les soutenant par une bande-son très efficace signée The Chemical Brothers. Malheureusement ce sont surtout ces scènes d'actions qui resteront mémorables (dont celle de l'évasion, ainsi que celle de l'entrepôt), le reste paraissant un peu fade et mollasson, surtout durant sa première heure, bien que la photographie signée Alwin H. Kuchler (Sunshine) nous offre quelques plans finement trouvés, et ce quelque soit le cadre choisi (le film voyage dans toute l'Europe, ainsi que le Maroc). Des cadres familiers qui charmeront les Européens, de même que les Américains, tout le monde en aillant un peu marre de New York ou Los Angeles.
Bref, Hanna a du punch, mais en manque un peu. Saoirse Ronan, du haut de ses 16 ans, nous impressionne, que ça soit hors de ses scènes de combat, qu'elle réalise elle-même, mais surtout pendant, enchaînant à une vitesse assez hallucinante des chorégraphies bien huilées, bien filmées, et surtout toujours rythmées par une musique ultra-hype. On s'amusera même d'entendre un chien terminer en aboyant la mélodie d'un des morceaux qui s'arrête d'un coup, enfonçant encore plus l'aspect clipesque de la chose.
Eric Bana s'en sort pas mal non plus, et on se rappellera surtout de son combat dans le métro, renvoyant celui de Bradley Cooper dans le récent Limitless aux antipodes du cinéma d'action. Cate Blanchett, quant à elle, campe la grande méchante, mais faute de développement des personnages, ne présentera que peu d'intérêt, tout comme Bana, la grande majorité de l'oeuvre ne se concentrant que sur le personnage d'Hanna.
Pas l'actioner de l'année, ni une oeuvre indispensable, Hanna n'en reste pas moins un divertissement correct, porté par une Soairse Ronan étonnante, mais malheureusement plomblé par quelques longueurs, bien que son niveau dépasse amplement celui des films d'action ayant pour héros un teenager (cf Numéro Quatre...). Pour un premier essai du genre, Joe Wright s'en sort plutôt bien, et l'on espère qu'il aura appris de ses erreurs, et une suite pourrait-être bienvenue, Ronan et son personnage d'Hanna se montrant excessivement attachants.
Mention spéciale évidente pour Saoirse Ronan, qui est à elle seule un exemple pour toute sa génération, étant la preuve vivante que l'on peut être aussi talentueux au combat qu'en comédie. Un grand bravo !