Hannah Arendt par LolVSteiner
Au cinéma, j'ai vu Hannah Arendt. Ayant visité la très riche exposition "Eichmann à Jérusalem" au Mémorial de la Shoah (Paris) et lu "La banalité du mal", je savais un peu à quoi m'attendre. En tout cas, le film ne semble pas trahir l'histoire ni la pensée d'H. Arendt. Il donne d'ailleurs beaucoup d'humanité à cette femme considérée comme glaciale, hautaine, et antisémite, par ses détracteurs.
Le film, entre New-York et Jérusalem, et ponctué de flashbacks sur la vie d'Hannah à Berlin et son apprentissage de la philosophie avec un certain M. Heidegger. Dans la tourmente du procès, face à la tempête qu'elle soulèvera avec son reportage dans le New-Yorker, c'est l'amour de son époux et l'amitié de ses fidèles amis qui va aider Hannah à faire face. On voit aussi à quelle point la force des convictions peut l'emporter sur l'amitié ; certains amis ne pardonneront pas à Hannah d'avoir "trahi" Israël, ce à quoi elle répondra "je n'aime aucun peuple, je n'aime que mes amis".
Barbara Sukowa, qui incarne la philosophe, est épatante de calme et de sérénité. Son visage très expressif laisse place à la réflexion, aux émotions, beaucoup plus que la parole. Entre biopic et témoignage historique, le film se déroule comme les étapes d'un raisonnement philosophique : étonnement, réflexion, délivrance de la pensée construite. Il parvient à trouver sa place et à nous donner envie de creuser un peu plus la pensée d'Hannah Arendt sur la "banalité du mal", toujours d'actualité.