La vie a-t-elle du sens ? Ou plutôt, dans quel sens va la vie ? Allen se pose la question depuis toujours, de façon plus ou moins pessimiste, plus ou moins légère et drôle, selon les films. Hannah et ses soeurs est une nouvelle déclinaison des névroses du juif new-yorkais, riche et cultivé. Comment toujours remettre en question les même idées, à travers des personnages tous semblables, si ce n’est du génie ? Les réponses ne sont jamais bien différentes, jamais une illumination, mais elles éclairent le spectateur qui l’accepte sur ses propres névroses, et pose les mots justes sur ce à quoi il n’avait jamais osé réfléchir auparavant. L’hypocondriaque chez Allen aidera toujours l’hypocondriaque. Le mari infidèle aidera toujours le mari infidèle, et ainsi de suite.
Le monde est absurde, Allen est au courant. Hannah et ses soeurs est une étape de plus dans sa propre thérapie, à l’image de son auto étude psychanalytique dans Manhattan. Ses personnages, en particulier le sien -comme c’est étrange- cherche des réponses. Dans la religion, qu’il achète au supermarché, avec son pain de mie et sa mayonnaise. Dans la philosophie peut-être ; Nietzsche aurait-il raison ? Somme nous condamnés à un éternel recommencement ? Peut-être oui. La vie semble avoir son sens immuable. Tous ces personnages ont beau se démener, tenter ce qu’il veulent, le hasard choisit pour eux, du début à la fin, sans que leur décision ne fasse la moindre différence. Alors Woody va au cinéma, voir les Marx Brothers. Il a besoin de reposer ses jambes endolories par l’errance et de faire le point. Finalement, il arrête de réfléchir, et se dit que les peut-être sont ce qu’on a de mieux, et que profiter est la meilleure chose à faire. Commun comme réponse, certes, et encore. Mais si on l’accepte, on trouve chez Allen de belles façons d'envisager l'existence.