"Hans le marin" est un film tourné en 1949 par François Villiers, réalisateur qui me semble avoir disparu des radars aujourd'hui. Il a pourtant réalisé deux autres films intéressants qui sont "l'eau vive " tiré d'un roman de Giono et surtout "la verte moisson".
Ici , "Hans le marin" est une affaire de famille, pour ainsi dire. François Villiers est le frère de Jean-Pierre Aumont qui a le rôle titre et l'actrice principale est Maria Montez, l'épouse à ce moment-là de Jean-Pierre Aumont. Les dialogues sont aussi de Jean-Pierre Aumont...
Le scénario (tiré d'un roman que je ne connais pas) relate l'histoire d'un beau et jeune marin canadien, Eric, lors d'une escale à Marseille qui rencontre une femme, Dolores, une entraineuse, qui le subjugue et dont il tombe amoureux. Le lendemain matin alors qu'il s'apprête à rejoindre son bord il est dépouillé de son argent et poignardé. Resté à Marseille, il erre dans l'espoir de retrouver Dolores mais aussi de se venger de ceux qui l'ont attaqué et volé.
On l'aura deviné, le rôle d'Eric est joué par Jean-Pierre Aumont et le rôle de Dolores sera tenu par Maria Montez.
Le personnage d'Eric vit un lente descente aux enfers puisque, démuni d'argent et de papiers, il va survivre dans le milieu interlope de Marseille pour finir caché dans une famille tzigane. C'est aussi la fin d'un rêve, du rêve du petit garçon embarqué comme mousse devenu marin pour voir du pays.
C'est aussi la fin des illusions.
Quand il retrouvera Dolores, il comprendra que sa quête est terminée et qu'il a tout perdu
Le personnage de Dolores est celui, classique, d'une entraineuse, indépendante (quoique l'est-elle tant que ça ?) et volage. C'est la femme fatale qui attire les hommes comme la lumière attire les papillons de nuit.
Et du destin, il en est bien question car dans son errance, le personnage d'Eric rencontre une jeune tzigane, diseuse de bonne aventure, Tania, jouée par l'excellentissime Lili Palmer. C'est le "beau" personnage du film qui tombe amoureuse de lui et tente de le soustraire à son destin qu'elle devine ou qu'elle sait funeste.
La dernière scène entre Jean-Pierre Aumont et Lili Palmer que les grilles du port séparent est de toute beauté.
"Hans le marin" est un film noir comme il s'en produisait beaucoup juste avant-guerre jusque dans les années 50 où le héros (ou l'héroïne) se trouve englué dans un engrenage à sens unique sans espoir de pouvoir arrêter la mécanique du destin.
Ici, le rayon de soleil apporté par la lumineuse Lili Palmer n'est pas suffisant pour dissoudre les épaisses ténèbres qui enfoncent le personnage de Jean-Pierre Aumont.