Happiness
7.4
Happiness

Film de Todd Solondz (1998)

Interdit aux détracteurs d'humour noir

Le film est portrait croisé de personnes de New Jersey qui passent des moments, disons compliqués ; entre la trentenaire pointée du doigt parce qu'elle est encore célibataire, une de ses soeurs qui elle collectionne les amants alors qu'elle est mariée, l'époux psy de cette dernière qui est un pédophile attiré par les copains de son fils de 11 ans, ce dernier rejette sa vie parce qu'il n'arrive pas à éjaculer (!) sans compter un pervers qui se masturbe en appelant au hasard des femmes dans l'annuaire... Bienvenue dans Happiness !


Avec Bienvenue dans l'âge ingrat, c'est sans nul doute le film le plus connu de Todd Solondz, qui aime non seulement placer ses histoires dans son New Jersey natal, mais qui cherche presque la controverse dans chacune de ses histoires. Et il faut dire que Happiness est gratiné en la matière. Je n'ai pas encore parlé de tous les personnages, mais tous montrent un visage peu reluisant, voire horrible de l'âme humaine, mais la qualité de l'écriture et des situations fait que c'est traité dans un humour noir qui me fait rigoler. On sent presque que tous vont vers leur désespoir final et que leur credo est d'en profiter avant tout. A ce titre, les acteurs et actrices sont formidables, et là où on aurait pu croire par exemple que Philip Seymour Hoffman aurait pu être grillé dans ce rôle du pervers téléphonique dont le sperme sert à coller des cartes postales sur le mur de son appartement, il le joue avec un tel côté pathétique que l'acteur (je précise) en est touchant à se dévoiler ainsi sans pudeur. Tout comme Dylan Baker qui parle sans détour de ses pulsions à son fils, ou Jane Adams qui se fait larguer dès la scène d'intro par son mec.... Bien que moralement, la plupart soient détestables, je trouve que Todd Solondz arrive à nous les rendre intéressants, le moment du film en tout cas, et surtout par le prisme de l'humour.


Je conçois que c'est un film très particulier, à rebrousse-poil de ce qu'on connaissait dans le cinéma américain des années 1990 à aller aussi loin dans des personnages aussi timbrés, mais il y a quelque chose de presque fascinant qui en découle durant ses 140 minutes. D'ailleurs, Solondz va en faire une suite en 2009, Life during wartime, avec le mêmes personnages, mais sans aucun des acteurs d'origine.

Boubakar
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