Clash Dance
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le 8 mai 2016
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[Hyper-Spoiler : critique s'adressant aux personnes qui ont vu le film. Mon but n'est pas de vous le vendre]
Encensé par la critique et les Oscars, Happiness Therapy mérite-t-il autant de louanges ?
C'est la question que nous allons nous poser ici. La volonté de O'Russell était de nous parler de quelques expériences vécues par son fils, bipolaire, à travers un regard bienveillant, même si complètement extérieur à la maladie.
Bradley Cooper et Jennifer Lawrence sont honnêtes dans leur rôle, sans flagornerie, mais plutôt justes. Je lâche tout de suite l'intérêt de ce film : traiter d'une maladie plutôt grave avec légèreté et en faisant attention à présenter les deux héros malades (Pat Solitano interprété par Cooper et Tiffany Maxwell jouée par Lawrence) avec une bienveillance qui atteint parfois la mièvrerie.
Donc, bref récapitulatif : l'histoire prend place peu après l'annonce du diagnostic attribué à Pat , celui de bipolarité (il me semble de type I, notez l'importance du type : il y a une quantité de types de bipolarités différentes). Celui-ci a été déclaré en manie après avoir tenté d'assassiner l'amant de sa femme. Son plus gros soucis, c'est qu'il sera malade tant qu'il restera persuadé que sa femme veut renouer avec lui.
S'enchaînent alors des passages grand-guignolesques, caricaturés à l'extrême, dont le seul objectif est de nous rendre cet anti-héros fort sympathique. En cela, il est réussi car il présente le malade comme un trublion, au risque de nous occulter sa réelle souffrance.
Puis vient le personnage de Tiffany, dépressive depuis le décès de son mari. Bien sûr on devine que l'histoire va se transformer en roman de gare très rapidement. C'est chose faite lorsqu'ils ont l'idée tous deux de participer à un concours de danse : lui pour reconquérir son épouse, elle pour oublier la dépression.
Pas besoin de dessiner un tableau : c'est une happy-end hollywoodienne (et on passera sur la suite, en particulier la question "est-ce-que le nouveau couple formé par ce concours de danse ne va pas imploser"... Happy-end on vous dit !)
En premier lieu, j'aimerais exprimer que si l'extrême opposé fait souffrir beaucoup de malades - souvent présentés à Hollywood comme dangereux - les croquer comme sympathiques, un peu gauche, en minimisant la maladie - il n'y a que deux passages où l'on prend conscience de l’irritabilité invivable de Pat - n'est pas non plus fait pour les aider. Je cherche encore un film qui présente la réalité telle qu'elle, mais voyez-vous, Hollywood, et les Oscars en particulier, ne veulent pas entendre parler de réalité.
Le parti pris de faire de Pat quelqu'un qui a des attaches avec la vie de tous les jours, des amis, une famille (chez qui il vit) tolérante et attentionnée, le fait que l'on n'entende jamais sa conscience de son propre point de vue, mais plutôt d'une focalisation externe, tous ces éléments de narration nous dressent un portrait de bouffon de cour. Celui duquel on s'amuse.
J'ai discuté avec des amis, bipolaires eux-aussi, à la sortie de ce film. L'un d'entre eux condamne l'extrême caricature qui y est faite, non pas de la maladie, mais du malade lui-même. Non, nous ne sommes pas des personnes joyeuses, entraînantes et "un peu" lunaires. Cette maladie, même quand nous ne connaissons pas la dépression (oui : l'unipolarité maniaque existe) est quelque chose qui nous ronge l'esprit, et nous en avons conscience les 3/4 du temps.
Je dirais pour conclure cette brève chronique que s'il est louable d'avoir de bonnes intentions avec les psychiatrisés, il serait de bon ton de ne pas les traiter non plus comme des "amuseurs". Pourquoi ne pas tenter de les écouter, et les inclure à la vie sociale tels qu'il sont ?
Créée
le 15 oct. 2019
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