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Ayant déjà professé mon amour pour le premier volet des aventures du wasteland polaire de George Miller, je vais éviter de faire comme le film traité ici et de tomber dans la redite. Je vais donc la faire courte sur l'intro.
Car oui, Happy Feet 2 a beau pousser les potards encore plus loin en termes d’animation, proposant des rendus tout simplement bluffants, des plans magnifiques, et une exploitation 3D (dont avait été privé le précédent) qui a du ravir les veinards qui l’ont vu en salle, il souffre tout de même d’être dans les pas directs de son aîné. On passe à nouveau par l’inévitable (car impossible de ne pas la traiter) crise écologique. La montée aux nues du nouveau personnage Sven, un macareux se faisant passer pour un pingouin volant, rappelle également les dérives religieuses du premier film (tout en ravivant les souvenirs de Chicken Run). Ça sent le réchauffé sur la banquise. Ou pas.
Mais parallèlement à ça, Miller traite de nouveaux thèmes avec une certaine astuce. En utilisant un schéma narratif similaire à l’opus fondateur, où un poussin se voit marginalisé car différent et doit trouver sa voie pour se faire accepter, on explore les problématiques de la parentalité. Mumble reproduit involontairement mais consciemment les schémas de ses parents avec son fils, qui va chercher une figure paternelle en Sven, buvant allègrement ses fausses promesses d’intégration sociale par l’exception.
Sous les flots, ce sont Will et Krill (Brad Pitt et Matt Damon qui s’amusent comme des petits fous, balançant des calembours marins réjouissants à chaque ligne) qui subissent une crise existentielle. Est-ce vraiment nécessaire d’être socialement intégré si ce n’est au final que pour être un engrenage de plus dans la machine impitoyable de la vie? Peut-on dépasser le conditionnement biologique?
Sven est quant à lui, sous ses airs de bellâtre bonimenteur, un réfugié climatique qui cherche avant tout à trouver une communauté qui l’accepte, quitte à mentir sur qui il est vraiment.
Trois parcours distincts qui se regroupent dans un final à l’unisson qui laisse chacun exprimer sa spécificité dans un beau discours (dansé) d'acceptation de l’autre, de complémentarité et de (sur)vivre ensemble. Plutôt malin.
Happy Feet 2 n’est donc pas qu’une simple redite, mais bien une variation, une évolution, qui fait mouche. Le spectacle est toujours aussi réjouissant, la musique entraînante (et surprenante, comme le solo du petit Erik), et la fable intelligente. Miller persiste et signe la saga de sa mignonne colonie, avant de reprendre la route de la furie.