Happy Feet 2 est ze énorme bide injustifié de 2011. Pourquoi? Mais pourquoi? Un budget monstre, un réalisateur dont la réputation n'est plus à faire, une suite pour un film à succès et oscarisé, une sortie au moment des fêtes de fin d'année... Happy Feet avait tout pour cartonner ou au moins se tailler un box office confortable. Mais pourquoi?
J'avoue, comme ça une suite à Happy Feet ça me disais trop rien. OK, le film était super, mais bon voila le concept: c'est des manchots qui chantent du funk et qui font des claquettes sur la banquise. Le film n'appelait pas de fin ouverte, l'idée se suffisait à elle même, à quoi bon faire une suite? Me disais-je naïvement.
HF2 dépasse toutes mes espérances et me fout une trique d'enfer. On tient bien peut-être là le film d'animation ultime, un film hybride et divertissant, superbe techniquement et profondément touchant.
Pendant 1h20 pas plus, format de court-métrage à notre époque où on ne sait plus faire de film de moins de 2h30, les morceaux de bravoure s'enchaînent à un rythme hallucinant. On rigole très régulièrement et souvent au bord du fou-rire, l'humour va du plus scabreux au burlesque le plus fin. Le récit complètement loufdingue (au sens positif du terme) saute d'un univers à l'autre, de la banquise des manchots aux péripéties existentielles de deux crevettes hilarantes qui refusent de suivre leur banc de congénères... Eh oui, à ce niveau le film met la misère à l'amusant Scrat de l'Age de Glace. Là où ce dernier est un clown secondaire, ces deux crevettes arrivent en plus à se fondre dans le scénario, à un point où leurs aventures se croisent dans un même plan avec celles des personnages principaux par un mouvement de caméra complètement épique, passant du microscopique à l'échelle humaine avec une fluidité déconcertante. Et leurs dialogues rigolos (ils se sont payés rien de moins que Matt Damon et Brad Pitt pour doubler ce duo de crevettes et leur complicité est jubilatoire) recèlent souvent une plus grande profondeur qu'on ne le croit.
Côté réal, HP2 n'est pas seulement irréprochable, il est novateur. Toutes les techniques les plus modernes s'y croisent, de la performance capture à la bonne vieille animation 3D. Les textures atteignent un niveau de détail inédit, qui permet de discerner le moindre poil de duvet ou même les moindres flocons de neige, lorsque par exemple la caméra plonge avec une évidence malicieuse au niveau des deux crevettes en train de naïvement remettre en cause la chaîne alimentaire en s'attaquant à un lion de mer. La photographie est superbe: ça se passe sur la banquise, mais on a l'impression de regarder Vaiana. Je voudrais revoir plus d'une fois ces scènes aux effets de lumière si travaillés. Le tout est d'une fluidité, d'un rythme et d'une efficacité mortelles, grâce à un montage au cordeau, à des cadrages régulièrement géniaux et à des travellings épiques à la Peter Jackson. George Miller, quoi.
HP2 déborde de bonne humeur, de musiques variées qui vont du chant lyrique au rap US en passant par le soap bollywood et les Blues Brothers... De la joie, de la solidarité, de la rébellion, du cinéma avec un grand C. Le vrai film sur l'entraide et l'optimisme, c'est pas la énième comédie gogol de Dany Boon: c'est Happy Feet 2. Merci George Miller. Alors arrêtons de nous morfondre, et sauvons cette pépite de l'oubli.
Une dernière chose: le court-métrage inclus dans le dvd, une version modernisée de Titi&Grosminet, est tout aussi génial. C'est un bijou de mise en scène et d'enchainement de gags hystériques. Alors le premier qui se contente de télécharger comme un porc une version DivX pourrie du film, mériterais que je le vide de ses entrailles avec une petite cuillère.