Ce film nous permet de mélanger plusieurs thèmes d’horreur. Celle de l’écœurante et psychédélique déchéance d’un alcoolo toxicomane, des techniques tordues et néanmoins dégourdies visant à combler son vice qui le tenaille jusque dans les cris de ses cellules, et des gerbants types d’injections à flanquer d’authentiques haut-le cœur. Celle de la cruauté décadente d’une petite ville isolée de la loi, en bordure du Mexique, peuplée de pécores consanguins dégénérés, nostalgiques des massacres de bisons et des chasses à l’indien, divertissement heureusement pallié par de joyeuses chasses à l’homme régulièrement organisés dans le désert, et pour lesquelles la bonne conscience leur fait choisir leurs gibiers parmi les déchets de l’humanité disponibles. Ou celle encore d’une boucherie sportive et concurrentielle entre les chasseurs et les proies, ponctuée de sanglants retournements, d’effroyables et brillants actes de fuite et de défense, virant presque à l’héroïsme et au record de sadisme et d’endurance.
La cruelle et atroce aventure nous embarque jusqu’au dernier instant dans un film bien décérébré, et pourtant plein d’intéressantes et perverses créativités, présentant même une notion d’espoir, et noyé dans une ambiance décalée parfaitement compatible avec l’état second certain du héros et celui éventuel du spectateur. Ce petit film glauque et douloureux, à mes yeux atteint son but dans la mesure où il consiste à nous accrocher le cœur tout en nous le retournant pendant une heure et demie.