L'honneur du samouraï n'est qu'une façade
Un chef d'oeuvre japonais qui n'a visiblement pas pris une seule ride.
Un sentiment d'incroyable sérénité et de calme se dégage durant le visionnage. On est happé par le silence, par la mise en scène figée, par le cadre capturant les moindres lignes verticales de l'image, par la beauté sobre des décors.... Mais paradoxalement, l'ambiance est terriblement lourde, les visages des samouraï sont très graves et très marqués, une musique parfois stridente, une tension morbide, lourde... C'est assez difficile à décrire, c'est une expérience à vivre au moins une fois.
Ce film dépeint la société japonaise du XVIIè siècle, et plus particulièrement la vie d'un rônin, samouraï errant qui - c'est le métier qui l'oblige - est victime de la paix sociale qui l'entoure. Il n'a plus de travail, plus aucun maître, et a perdu toutes ses richesses - amour, argent, honneur - du jour au lendemain. Il demande à l'intendant du clan des Li de se suicider par Harakiri dans leur résidence.
En fait ce film parle à tous. Cette satyre écrite par Kobayashi pourrait même être universelle et intemporelle. C'est finalement la critique d'une certaine classe oligarchique qui s'affranchit de ses propres lois et d'un certain code moral lorsque bon leur semble. Il dénonce également l'absurdité de ce système hiérarchique et expose les personnages face à leurs propres contradictions, les confrontant à leur hypocrisie et leur opportunisme. "L'honneur n'est qu'une façade", pour reprendre une phrase du film.
Mis à part ça, les scènes de combat valent vraiment le coup d'oeil, par leur réalisme et leur sobriété exemplaires. Dont la séquence finale de combat qui rappellera spontanément la séquence de combat de Kill Bill dans le dojo, façon "seul contre tous".
Je le recommande vivement.