Un ronin, à demi hébété, se présente au château du clan Lyi, quémandant l’autorisation de pratiquer décemment le rituel du Harakiri en leurs murs. Reçu par le chambellan, celui-ci le met en garde. L'honneur n'est pas un vain mot pour sa maison, s'il espérait une aumône pour le dissuader de son geste, il n'obtiendra rien de cela. Le ronin le rassure, il ne se dérobera pas, et ce n'est pas le sort réservé au précédent ronin ayant formulé une demande similaire qui refrénera sa volonté...
Seppuku est d'une beauté formelle à couper le souffle. A la fois aéré et pesant dans sa mise en scène, ses longs plans, dépourvus ou presque de musique, peignent une ère Edo aussi austère qu'intimidante. Le premier plan s'ouvrant sur l'armure d'un samouraï nimbé de fumée frappe l'imagination pour mieux la renverser. Derrière le lustre persistant de l'honneur du samouraï se cache les vicissitudes le bouleversant.
Le scénario, quoique pouvant parfois donner l'impression de s'étirer jusqu'à l'excès, articule cependant avec justesse les histoires imbriquées. Ce premier ronin pour lequel le spectateur ne va ressentir que pitié et dédain, épousant le regard du clan Lyi sur sa démarche honteuse, pour mieux revenir sur la genèse de son attitude via le récit du second, incarné par Tatsuya Nakadai, époustouflant.
Les cinq dernières minutes de Seppuku sont formidables. Quoique versant brusquement dans un irréalisme batailleur criant, les décisions drastiques prises pour camoufler l'affront sonnent terriblement juste. L'armure du samouraï n'est plus qu'une gloriole, un paravent bien commode. Tant qu'elle inspire crainte et respect pour les ignorants, l'ordre établi persistera.