Hara qui rira bien le dernier
Il y a quelque chose chez les Japonais qui me fascine. Surtout dans les films sur leur moyen âge. Dans leurs maisons, c'est toujours propre et super bien rangé. Jamais de bordel, tout est toujours nickel. Pourtant à l'horizon, pas une armoire, pas même le moindre meuble. Jamais. Nada. Et si tu regardes bien, ils ont toujours un maximum de sapes. Des machins avec moult épaulettes, des plis dans tous les sens. Un costume pour promener le chien, un autre pour boire le thé, houlalalala il est 17 heures faut passer mon slibard qui ressemble à une couche pour aller prendre ma douche. Et pas une armoire, pas un fer à repasser, que dalle !? Les mecs, ils n'ont même pas de chaises quoi.
Sérieux !
Alors de trois choses l'une. Soit ils ne filment pas les armoires, les meubles tout ça. Et c'est étrange. Soit je ne les vois pas, et c'est possible parce que des fois j'ai les yeux qui clignent. Soit, pour finir là-dessus, les japonais moyenâgeux, vachement malins qu'ils étaient, avaient construit des dressing-maisons où ils rangeaient tout et où c'était le bordel, avec des slips partout, des chaussettes roulées en boules, des cendriers qui dégueulent, et ces bâtisses ne devaient pas ternir la légende de mec en robes et avec des couteaux au ceinturon. Donc censure totale, le Japonais moyenâgeux passera pour un mec sacrément discipliné, qui aime bien les jolies jardins intérieurs et qui ne montre pas ses meubles. Moi ça me va, je dis juste ça comme ça.
Et on ne voit pas leurs chiottes non plus, alors, j'ai encore de quoi me turlupiner.
Tout en sachant que se turlupiner n'est pas l'art de l'auto-fellation, comme de bien entendu.
Des maisons super rangées mais un sacré bordel dans leurs têtes.
Un samouraï sans maître, misérable, se présente au seuil d'une grande maison et demande à mettre fin à ses jours en ces lieux.
Une histoire de vengeance contemplative millimétrée dans son esthétisme et son déroulement. Où on brette en aiguisant les dialogues, où le feu qui brûle à l'intérieur, nourri de cette colère maîtrisée face à l'injustice, irradie les regards.
Un monde féodal gangrené par les codes, où crèvent ceux pour qui les temps de paix sont le prélude à la misère et à une mort certaine.
Un jeu de dupes, morbide, où le passé répond au présent, où on s'interroge sur les règles qui régissent une vie dévouée au code du Samouraï, en dénonçant son absurdité et en le foulant aux pieds.
Une narration merveilleuse, comme un mille-feuilles. Où chaque nouvelle scène, chaque feuille éclaire l'histoire d'un jour nouveau,
Et puis, il y a Nakadai. À genoux sur son carré blanc, immobile, qui déroule son discours inoxydable .
Impérial, habité, remplissant l'espace alors qu'il est seul face à cette horde apprêtée de samouraïs. Posant, une à une chaque pièce de son puzzle, révélant une tension qui monte, inexorablement, jusque dans l'explosion finale.
Nakadai et ses yeux de malade, qui lui sait comment tout va finir.
Un film à classer dans la catégorie « claques dans la gueule ».
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