Hard day arrive à la suite d’une décennie de thrillers sarcastiques et décalés ayant assuré l’expansion mondiale du cinéma coréen. Après la comédie romantique Wonderful moment dont l’exploitation n’a pas dépassées les frontières, Seong-hoon Kim s’engage sur le terrain des maîtres locaux et coche l’option humour noir. Sous influence des frères Coen, son travail vire à la farce macabre, manifeste une orientation cartoon nuancée par des lambeaux de drame, avant que cela ne devienne l’inverse.
À tort, vu que son film ne restitue aucune espèce d’humanité et qu’on se fout carrément du destin de tous ces gimmicks sur patte pas du tout grinçants mais assurément bien lourds. Hard day est passablement divertissant mais dépourvu de colonne vertébrale, presque mort. Il se révèle mieux dans l’action et en même temps se trouve à ces moments-là plus que jamais au bord du vide, voir les deux pieds dedans.
Go Geon-soo lui-même perd tout intérêt à force de n’avoir aucun relief : au départ on voit débouler un vrai anti-héros qui le serait non en raison de son caractère mais de ses gaffes, puis finalement on doit accepter que cet homme-là n’a tout simplement aucune identité. Quand aux farces elles-mêmes, il y a effectivement de quoi se tordre si le plat rappel au lois physiques de bon sens, à des moments de tension particuliers, est perçu comme intrinsèquement hilarant. Il y a de quoi mais encore faut-il être tolérant puisque aucune mécanique visuelle ou formelle n’appuie l’humour.
Seong-hoon Kim laisse ce job aux scénaristes et aux acteurs, tous un peu bloqués, peut-être parce que multiplier les croquis n’engendre qu’un cumul d’esquisses lourdingues enveloppées dans du papier glacé. Ce n’est pas précisément fade, c’est plutôt une espèce de synthèse penaude, une démonstration hystérique et amputée de toute raison d’être : le mélange des genres donne un résultat bizarre, mollasson. Certaines rages subites saoulent par leur fausseté.
Techniquement c’est impeccable, la mise en scène est banale mais efficace, sonne pastiche très concret de Kim Jee-Woon (J’ai rencontré le diable) ou de Park Chan-Wood (JSA, Sympathy for Mr Vengeance). Malheureusement la fabrique à vannes est bouchée et ce qu’elle filtre vient s’écraser en semant un faux désordre limite plombant ou une basse ironie. Comme c’est coréen, une large partie des consommateurs cinéphiles a l’impression d’avoir trouvé un nouveau chef-d’oeuvre.
http://zogarok.wordpress.com/2015/01/12/hard-day/