2 enquêteurs surveillent l’ex-compagne d’un meurtrier, ils supposent qu’il va la rejoindre à un moment à un autre. Les 2 policiers se mettent donc en planque dans une auberge face à la maison de la jeune femme. L’attente sera longue. Dans un premier temps, le plus jeune méprise cette femme qu’il trouve inintéressante. Mariée à un homme de 20 ans son aîné, en bonne ménagère elle gère la maison en l’absence de son mari irascible (voire carrément détestable) et s’occupe des 3 enfants qu’il a eus avec une autre femme. En la surveillant, le policier va réfléchir à ses propres conflits personnels, doit-il se marier avec une jeune femme bien née ou bien choisir celle qu’il aime mais venant d’un milieu pauvre. Petit à petit il va se prendre d’empathie pour la jeune ménagère dont le quotidien se résume à une succession ennuyeuse de tâches ménagères.
Par le biais du thriller, Nomura traite en fait de la condition des femmes dans le Japon de l’après-guerre. Le constat est terrible et sans aucune ambigüité. La grande Hideko Takamine prête ses traits à la jeune femme piégée dans son rôle de mère de substitution. Il est surprenant de la voir une bonne partie du film du point de vue de l’inspecteur, de loin et toujours en plan d’ensemble. Quand enfin on se rapproche de l’actrice, son talent prend aux tripes. Le film devient alors bouleversant.
Si je ne m’abuse, Le guet-apens est le 26ème film du réalisateur alors qu’il a commencé sa carrière seulement depuis 6 ans !! Le cinémascope vient d’arriver au Japon et il l’utilise merveilleusement, la mise en scène est une perfection que ce soit dans ses plans fixes depuis l’auberge ou dans les scènes de filatures. Nomura a un vrai sens du paysage mais pas seulement. Le film se déroule en pleine canicule. Les personnages sont accablés par la chaleur, ça en devient presque palpable. Je me suis demandé si cette chaleur n’était pas l’expression du désir, du feu intérieur des 2 acteurs. La jeune femme comme le jeune homme (le policier) sont des êtres en apparence peu intéressants mais en eux couvent une grande complexité, un refus d’une société corseté.
Une très belle découverte alors que je m’attendais à un polar classique.