Surprenant petit film, qui finit par exercer un charme désuet au fur et à mesure que les minutes s'écoulent. Cela tient à un parti pris esthétique après tout assez original quand on connaît les folles accélérations qui sont l'apanage des films expérimentaux de cette époque : ici, au contraire, le rythme est plutôt lent et les expérimentations formelles peu nombreuses ; on est plutôt dans quelque chose de paisible, de tranquille. La réalisatrice se contente de simples travellings dans les grandes rues de Paris, de cadrages sobres, et de mouvements sages. Mais c'est justement par là que va naître un certain sentiment de fascination : c'est comme si ce mouvement uniforme, linéaire, nous berçait, nous promenait tranquillement d'un coin à l'autre de la ville. On finit par s'y plaire... De plus, le court-métrage est savamment découpé en chapitres, ou en moments, en sorte qu'il y a une véritable progression, ou tout du moins une structure, une intelligence derrière la manière de faire se succéder les séquences ; ainsi, après nous avoir montrés une séquence nommée "Elégance" (où l'on voit des devantures de magasin de mode ou de musée d'art contemporain) on nous en montre une tout de suite après nommée "Travail" (qui s'ouvre et se clôt, d'ailleurs, sur une très jolie surimpression, agréable trouvaille formelle)... Et puis la promenade s'achève sur une note légère, douce, avenante : d'abord une succession de langoureux fondus enchaînés qui font se fondre entre eux différents paysages de nature ; et ensuite un beau visage, allègre, rieur, apparition esthétique ravissante qui d'un coup ramène le tout à une dimension joyeusement humaine ; Paris est un visage de femme...