Harmonium (2016) - 淵に立つ / 119 min.
Réalisateur : Koji Fukada - 深田晃司
Acteurs principaux : Tadanobu Asano - 浅野忠信 ; Mariko Tsutsui - 筒井真理子 ; Kanji Furutachi - 古舘寛治 ; Kana Mahiro - 真広佳奈.
Mot-clefs : Japon ; Drame ; Lent.
Le pitch :
Dans une discrète banlieue japonaise, Toshio et sa femme Akié mènent une vie en apparence paisible avec leur fille. Un matin, un ancien ami de Toshio se présente à son atelier, après une décennie en prison. A la surprise d'Akié, Toshio lui offre emploi et logis. Peu à peu, ce dernier s’immisce dans la vie familiale, apprend l'harmonium à la fillette, et se rapproche doucement d’Akié.
Premières impressions :
Vu au cinéma courant février 2017, Harmonium se présente comme un drame japonais assez typique, avec un rythme lent, une caméra fixe et peu de dialogues. Un genre de film qui peut se rapprocher des films de Kore-Eda voir de Kiyoshi Kurosawa, tant il joue avec, et dénonce, le non-dit dans la société japonaise. Si le film peut faire une grande impression aux non habitués, les amateurs de cinéma japonais risquent de ressortir avec l’impression d’avoir déjà vu ce film mille fois auparavant.
Harmonium peut se diviser en deux parties distinctes. Durant la première moitié, Koji Fukada pose ses personnages et son cadre. Une famille japonaise somme toute classique, où mari et femme communiquent peu, enfermés dans le quotidien entre travail et famille. Arrive un ancien collègue de Toshio, qui sort tout juste de prison, et aurait bien besoin d’un emploi et d’un logis, ce que le père de famille accepte sans discuter. Cet homme, Yasaka, est bien différent de Toshio. Il s’intéresse à Akié, discute avec elle, la suit à l’église et donne même des cours de musique à la petite – bref, il prend la place d’un père de famille, d’un homme fantasmé, sans que Toshio ne réagisse. Bien évidement ce qui devait arriver arriva, jusqu’au drame central qui met fin à une première partie d’une banalité affligeante mais belle, reflet d’une société japonaise et de ses difficultés de communication.
La seconde partie se déroule plusieurs années plus tard, tandis qu’un jeune homme se présente à la maison. Lui aussi souhaite travailler avec Toshio et on apprend rapidement qu’il est à la recherche de son père qu’il ne connaît pas et qui n’est autre que Yasaka. Le couple a également ses raisons de retrouver l’homme de la première partie et la compagnie part à la recherche de celui qui a tant éprouvé la famille. Cette seconde partie contient plus de mystères et emmène le spectateur à la recherche de réponses qui ne viendront pas toutes. Seulement, à vouloir maladroitement expliquer les non-dits, le réalisateur rompt l’équilibre de son film, le faisant parfois flirter avec le mauvais mélo.
Malgré un rythme et un style d’histoire que j’apprécie, Harmonium n’a jamais vraiment réussi à me charmer, ni à me surprendre. Si j’ai beaucoup aimé la description du quotidien revendiquée par Koji Fukada, je ne suis pas sorti du cinéma avec le sentiment d’avoir vu un grand film, la faute peut-être à un manque d’audace du réalisateur qui n’a pas su, à mon sens, aller assez loin dans le mystère – voir dans le non dit. Le twist du milieu sonne comme un prétexte à la seconde partie. Bien qu’important et bien intégré, j’ai toujours eu le sentiment qu’il s’agissait d’un artefact – trop loin du quotidien décrit précédemment. On ne sait jamais exactement ce qu’il s’est passé, même si on en voit les conséquences à l’écran et ce n’est pas suffisant pour créer le suspense. Reste alors l’analyse de ces conséquences et la façon qu’ont Akié et Toshio de réagir à leurs propres culpabilités. C’est intéressant, mais une fois encore, c’est assez classique dans le genre.
Pour conclure, Harmonium est un film correct, qui peut être une bonne porte d’entrée au cinéma japonais et à sa description du quotidien. Hélas, il n’a ni la force, ni la magie des films de Kore-Eda Hirokazu – ni la critique sociale de grands tarés comme Sono Sion. Sans être un mauvais film, Harmonium a manqué d’un peu de sel pour vraiment me convaincre.