Quatre ans après Dude, Where’s My Car?, son seul autre fait d’arme notable, Danny Leiner réitérait dans le registre de la comédie « teenage/stoner » avec Harold & Kumar, premier volet du nom d’une trilogie en devenir. Et si nous devions ne pas avoir vu ses suites, qu'il nous donne un bon aperçu du délire conduit par John Cho et Kal Penn : le genre de ceux qui se prêtent surtout au visionnage adolescent plutôt qu’adulte… et pourquoi pas « altéré » pour pleinement coller à son atmosphère embrumée.
Un constat tenant de l’évidence au regard des prétentions en rien sérieuses du long-métrage, celui-ci faisant de la fumette de ses protagonistes le vecteur de péripéties en cascade et d’un enjeu aussi sommaire que compréhensible : satisfaire un appétit peu à peu désespéré. Son humour tantôt potache, tantôt absurde, fait alors mine de jouer sur plusieurs tableaux sans toutefois parvenir à occulter une bêtise consommée, capable du meilleur comme du pire… et de rares coups d’éclats surprenant, concédons le !
Les montants Cho et Penn y auront en tout cas largement trouvé leur compte, d’abord vis-à-vis du tournant pris par leurs carrières, ensuite au regard du meilleur atout de Go to White Castle : car si son essence demeure gentiment idiote et encline au guignolesque, l’écriture de leurs rôles respectifs fait mine d’élever un peu le niveau. Une appréciation découlant de leurs personnalités complémentaires et travaillées, à même de surnager en marge d’un propos bateau, mais bien réel, sur le poids des discriminations raciales.
Le film parvient ainsi à s’arroger un semblant d’identité en transcendant (un peu) celle résolument comique : au jusqu’au-boutisme irrévérencieux, qui lui assure bien quelques rires francs ou soufflés, s’adjoint ainsi un soupçon de finesse inespérée. Nonobstant ses limites intrinsèques et une outrance parfois gratuite, Go to White Castle se laisse donc voir, si ce n’est découvrir tardivement comme dans notre cas : c’est toujours ça de pris.