La morale veut que les vigilante movie, c'est mal, car ça ramène à du réactionnaire, ça renvoie à l'ambiguïté très contestable de Un justicier dans la ville, mais une des forces de ce film est de le relier à la délinquance juvénile qui frappe l'Angleterre depuis plusieurs années, par les yeux d'un retraité de la Marine qui va se venger de la mort de son meilleur ami.
Depuis quelques années, on ne compte plus les réalisateurs anglais (Ken Loach, Winterbottom, Andrea Arnold...) qui proposent à travers leurs films une vision assez pessimiste du futur de l'Angleterre, où les jeunes paraissent dangereux, prompts à se doguer ou à tuer des gens plus faibles qu'eux.
Dans le film, cela prend forme d'un divertissement que je trouve à la fois intéressant (même si on n'échappe pas au sang numérique), salutaire (dans la dénonciation d'une certaine police qui préfère ne plus rien faire, car elle se sent incapable d'endiguer la violence), et émouvant, car Harry Browne est aussi un documentaire sur Michael Caine.
Non pas que Caine soit réac, mais sur son évolution, depuis ses débuts anglais, à jouer les (faux) héros, jusqu'au paroxysme Get Carter, auquel son personnage pourrait être un Carter qui aurait vieilli.
Michael Caine y est formidable, car il est à la fois fragile, du fait de sa condition physique, d'une certaine forme de violence qui émane de lui (d'un coup, il peut redevenir le soldat talentueux qu'il devait être), et du culot qu'a Daniel Barber (dont c'est le deuxième film) à montrer son "héros" comme parfois en très piteux état, avec une machine organique qui n'arrive plus à le suivre, et où il parait déphasé avec cette jeunesse qui peut laisser une femme se défoncer à la drogue sans lever un sourcil.
La présence magistrale de Michael Caine éclipse un peu celle des autres, mais n'oublions pas la présence d'Emily Mortimer, en flic qui veut protéger ce vieil homme mais qui se fracasse à la réalité du terrain.
Ce film prouve que, comme tout genre, le Vigilante movie peut être plus subtil que ça, et si on a droit à des scènes assez brutales, celles-sont sont bien filmées, avec une utilisation intelligente de la lumière (qui laisse penser que Caine pourrait être un démon venu punir les mortels), et dont la fin est à l'image du film, pessimiste sur l'avenir, qu'on ait vengé (ou non) son ami.