J'ai regardé ce film pour deux raisons. La première, c'est que j'adore Michael Caine (même si ses choix de carrière récents me laissent dubitatifs). La deuxième, c'est que j'ai lu une comparaison totalement infondée et abusive entre cette bouse et la Loi du Milieu, excellent thriller vicieux britannique des années 70, avec le même acteur principal.
Ensuite, je tiens à préciser que je ne fais pas partie des bien-pensants poussant des cris d'orfraie à chaque vigilante-movie en s'indignant d'un fascisme insidieux et d'une apologie de l'auto-défense. Ce style est simplement un type de polars, avec ses bons et ses (malheureusement beaucoup plus nombreux) mauvais représentants.
L'œuvre qui nous intéresse fait donc partie de la deuxième catégorie, pour un nombre de raisons parfaitement indécent.
Un scénario vu et revu qui semble avoir été généré par un ordinateur pas particulièrement inspiré, se contentant de mélanger tous les poncifs du genre en chiant allégrement sur toute subtilité ou ambiguïté. Pour donner une idée, chaque évènement important peut être prévu avec une exactitude presque drôle cinq à quinze minutes à l'avance.
Des personnages désincarnés et inintéressants, qui n'existent que pour faire fonctionner les clichés sur pattes qu'ils représentent. Mention spéciale aux "racailles", déshumanisées à un point où toute suspension d'incrédulité est rendue impossible. Et, s'il reste à mister Caine quelques bribes de talent, les performances des autres acteurs sont grotesques, ne participant en aucun cas à sauver le navire du naufrage.
Une esthétique gerbante, surtout à partir de la deuxième moitié du métrage (faudrait que les réalisateurs contemporains, comme les créateurs de jeux vidéo d'ailleurs, comprennent que les filtres marron-caca sont purement et simplement immondes), qui combinée à une atmosphère sonore insupportable (je n'ai jamais autant rêvé d'être sourd durant un film) et à des scènes "dérangeantes" grand-guignolesques rend l'ambiance pseudo-glauque ridicule alors qu'elle essaie d'être pesante, et transforme la vision en épreuve physique digne de figurer aux J.O.
Enfin, un propos dont la principale faiblesse n'est finalement pas d'être nauséabond mais inexistant. Les délinquants sont des animaux, la police ne sert à rien, point. Aucune question posée, aucun suivi de destin individuel ou collectif, aucune description des névroses sociétales. Le néant absolu, qui n'a pour simple but que de satisfaire les penchants voyeuristes de spectateurs peu exigeants sans jamais essayer de faire passer quelques idées en contrebande.
Une pellicule même pas révoltante, seulement nulle.