« Harry Potter » et l’Ordre du phénix » est pour moi, le meilleur des cinq premiers films de la saga. D’ailleurs, les quatre derniers films sont ceux que je préfère, pour leurs ambiances plus sombres, et leur bataille épique. Il semblerait que le réalisateur parfait a été enfin trouvé. Après Chris Columbus, qui nous as proposé un travail très honorable, mais qui a eu l’air de s’essouffler sur la deuxième production, Alfonso Cuaron, qui s’est permis de petites maladresses, et enfin Mike Newell, dont on peut reprocher les choix scénaristiques, David Yates reprend les rênes, et c’est une bénédiction pour la franchise, car il est excellent malgré le fait qu’il soit un petit nouveau dans le monde du cinéma. Sa vision du monde de la sorcellerie est en adéquation avec l’œuvre de Rowling. Le changement de scénariste doit lui aussi jouer un rôle important dans la réussite de ce nouvel opus, Michael Goldenverg a fait du bon travail, on peut le dire.
En ce qui concerne les changements entre le livre et son adaptation, ils sont nombreux (car le livre est le plus épais de tous), mais dans l’ensemble le récit reste très cohérent. Voici la liste des omissions qui m’ont le plus marqué :
Pour commencer, au Square Grimmaurd, la cachette de l’Ordre du phénix, de nombreuses scènes ont été écourtées, voire supprimées. Par exemple, celle où Molly Weasley tente de se débarrasser d’un épouvantard.
Mondingus Fletcher est un membre excentrique et pas très fiable de l’Ordre du Phénix. Malgré le rôle important qu’il jouera dans les prochains films, il est absent du casting.
De la même manière, Dobby a disparu. L’occasion de dire aussi que le rôle de Kreattur est largement abrégé ici.
Rita Skeeter était également de la partie. Hermione lui fait du chantage pour qu’elle écrive des articles dans la gazette du sorcier afin de soutenir Harry qui affirme le retour de Voldemort.
On ne verra aucun match de Quidditch dans le film, comme si la saison était annulée durant cette année scolaire, ce qui n’est pas le cas dans l’œuvre initiale. Par conséquent, toutes les scènes y étant reliées ont disparu elles aussi, par exemple l’entrée de Ron dans l’équipe et ses difficultés à être légitime.
Ron, Hermione et Malefoy deviennent préfets, nous l’ignorons dans le film (mais ce n'est pas très important, cela relève presque de l’anecdote).
Firenze, le centaure, prend la place de Trellawney (limogée) pendant les cours de divination. Ce personnage et cette scène sont aussi absents du film.
Harry parvient à plonger dans les souvenirs de Rogue et découvre que son père l’humilier durant leurs scolarités. Dans le livre , la scène est plus longue, et on ne découvre pas qu’un seul flash-back, mais plusieurs, et certains mettent en scène Lily Potter.
Le livre décrit la visite d’Harry et de ses amis à Arthur Weasley à l’hôpital magique de Sainte Mangouste, une scène absente du film, ce qui est bien dommage, car on aurait aimé découvrir ce lieu étrange. Lors de cette scène, Harry devait également rencontrer Neville en visite auprès de ses parents qui ont perdu la raison suite aux sévices de Voldemort.
L’arrivé d'Harry et ses amis au ministère de la magie est survolé dans le film, tout comme leur ascension au ministère des mystères, ainsi on ne sera jamais à quoi ressemble la salle aux cerveaux. Des cerveaux qui attaquent Ron, si mes souvenirs sont bons.
Même si ces changements semblent nombreux, c’est beaucoup moins que sur le film précédent. Yates et Goldenberh ont mis un point d’honneur à ce que les omissions ne soient pas fondamentales et n'affectent pas l'intrigue, et cela se ressent. Le propos initial de l’histoire est respecté, c’est-à-dire les difficultés émotionnelles que rencontre Harry (une sorte de crise d’adolescence où on le découvre dans ses pires jours).
J’ai adoré détester Dolores Ombrage. Toutes ses scènes sont horriblement réussies. J’ai beaucoup aimé la salle sur demande. Mais le pic du spectacle se trouve à la fin du film, lors de l’affrontement entre Dumbledore et Voldemort, tout simplement épique.
Les effets spéciaux sont globalement très réussis, à quelques exceptions près: Graup, le demi-frère de Hagrid, un véritable géant, et tout simplement raté. Je ne comprends pas comment Yates a pu laisser passer ça. Un véritable acteur, grimé, aurait été plus efficace. La salle des prophéties, au ministère de la magie, n’est pas non plus des plus réussies. Même pour quelqu’un ne connaissant pas l’envers du décor, il serait aisé de deviner que les acteurs évoluent entièrement sur fond vert, tellement le rendu est grossier. Heureusement, le reste tient la route. Mention spéciale pour le duel Dumbledort-Voldemort qui est excellent, tous les moyens techniques semblent avoir été placés ici.
Les acteurs sont bons, et on peut enfin dire ouf! Daniel Radcliffe (Harry Potter) a repris son jeu d’acteur en main. C’est comme un mauvais élève qui ferait de gros efforts, ce n’est pas encore tout à fait bon, mais il y a de l’amélioration. Disons qu’on a envie de croire en lui. Rupert Grint et Emma Watson (Ron et Hermione) sont comme toujours bons et disciplinés. Ce sont eux les meilleurs acteurs du trio, ils l’ont déjà prouvé sur les quatre derniers films. Matthew Lewis (Neville) retrouve sa véritable place dans ce film (merci, Yates). Son personnage prend plus de consistances, et on peut enfin constater le potentiel de cet acteur. Evanna Lynch est une Luna Lovegood moins hilarante que dans mon souvenir (du livre), je dois dire, mais l’actrice joue convenablement la langueur qui l’incarne. Du côté des rôles d'adultes, j’ai envie d’évoquer, tout de suite, Imelda Staunton, qui est une impitoyable Dolorès Ombrage et surtout une merveilleuse trouvaille du casting. Je l’ai détesté dans le livre, elle m’a horripilé dans le film. Son personnage est très réussi, Rowling a tapé fort, Staunton a enfoncé le clou. Elle interprète ce rôle à merveille. J’imagine à quel point elle a dû s’amuser à incarner cette affreuse sorcière (c’est le cas de le dire). Je l’ai adoré. Ralph Fiennes (Voldemort) est très inquiétant. L’acteur est bon. Alan Rickman (Rogue) est l’un de mes préférés, je dois dire. Il tape toujours juste, sans tomber dans la caricature. Je survole le casting, car ils sont trop nombreux, mais d’une manière générale, les acteurs sont tous très bons.
Nicholas Hooper s’occupe du secteur musique et ne se démarque pas forcément. Néanmoins, son travail est tout à fait convenable et honorable.
J’ai adoré ce film. J’ai adoré tous les films de la franchise (oui, lorsqu’il s’agit d’Harry Potter, je ne boude pas mon plaisir), mais ce film en particulier m’a impressionné. David Yates parait être l’homme de la situation, il s’impose avec évidence et il produira les suites (et bien plus encore) grâce à son talent et au respect dont il fait preuve pour la matière première. Une franche réussite. Une merveille. Un bonheur.