Peut-être un rendez-vous manqué, ce first date entre Yates et Harry Potter n'avait pas l'image du coup de foudre éloquent d'un homme et d'une femme dans un bar. Loin de là. C'est plutôt l'histoire d'un jeu de séduction laborieux qui trouvera par la suite sa consécration.
L'Ordre du Phénix avait pourtant beaucoup de qualité, il prenait la suite de deux opus réussis, il se positionnait comme le premier opus où la confrontation allait vraiment avoir lieu. Il y avait une sacrée plastique ! Et cette plastique, on pourrait presque dire que Yates a eu peur de l'utilisé dans sa totalité.
D'un côté, on trouve pas mal de choses qui ont beaucoup été mis de côté depuis le début : l'organisation de la société. C'est un plaisir de voir enfin les locaux des ministères, le procès de Potter est un moment important et très intéressant qui apporte quelque chose de nouveau. Tout comme la fin, assez sympathique mais qui ne transcende pas forcément. En fait ce n'est pas un épisode qui marque, d'ailleurs après quelques jours il s'évapore rapidement de votre tête pour ne redevenir qu'un vague souvenir.
C'est aussi un opus qui marque un vrai retour à Poudlard avec l'introduction de personnages telles que Dolores Ombrage qui vient faire régner sa loi et celle du ministère dans les locaux de Poudlard. Qui marque l'acceptation du retour de Voldemort, qui met aussi en avant les premières batailles à coup de baguette et qui montre enfin toute la puissance de Dumbledore ! Le recrutement va alors dans tout les sens, Potter recrute à Poudlard et entraine, Voldemort libère les siens, que le spectacle commence !
Mais au delà de tout ça, Yates ne prend vraiment aucun risque dans la réalisation, là où Cuarón et Newell en avait pris chacun à leur manière, pour son arrivée, Yates fait dans l'attendu. Il évite ainsi la grosse déception mais ne surprend vraiment pas. Il a toutefois conservé l'univers sombre et de plus en plus cruel qui s'installe. En cela il respect bien la progression de la série.
Mais cela ne masque pas les terribles longueurs qui sont présentes tout au long du film et qui viennent quelque peu gâcher le plaisir.
En somme l'épisode le plus faiblard de la saga, celui qui a le simple le mérite de montrer la véritable polarisation des forces. Mais aussi celui que marque la prise de pouvoir de Yates qui petit à petit va apposer sa patte à l'univers Harry Potter. On a un peu l'impression que l'épisode oscille toujours entre deux chaises : soit continuer clairement dans l'autoroute tracé par Newell et Cuarón en risquant de laisser du monde sur le quai, ou, reprendre quelques pistes tout en restant sur la ligne "bon enfant" des deux premiers opus. Yates à part la suite choisi son camp et a clairement rejoint Newell et Cuarón.
Difficile de faire l'impasse sur cet opus mais se retaper les 2h30 de l'Ordre du Phénix n'est pas la chose la plus agréable d'Harry Potter. Une déception toute relative qui malgré de nombreux défauts se regarde rien que pour l'univers !