Le quatrième opus de la saga Harry Potter a une place centrale dans l’intrigue. Il marque le retour de Vous-Savez-Qui, qui cesse d’être un simple cauchemar. Celui-ci est aussi très important pour moi car c’est un des films qui m’a réellement fait aimer le cinéma lors de mon enfance. C’est en aussi le premier bouquin que j’ai pu lire avant de voir le film.


Cet opus est dans la continuité de ce qu’a fait Alfonso Cuarón avec son excellent Prisonnier d’Azkaban, qui amenait plus de maturité, des teintes moins féeriques à l’univers du sorcier aux lunettes rondes et un univers en dehors du scolaire.


Le travail d’adaptation est de qualité selon moi. Mike Newell avait déjà travaillé, comme les autres réalisateurs de la saga, sur des adaptations de livres, ce qui aidera la saga entière d’être de bonne facture. En effet, ce qui n’aurait jamais pu être pleinement exploité comme l’utilisation des elfes de maison, les Dursley ou encore le match de Quidditch ne fait pas partie du film. Cela permet de donner un rôle et une importance à Neville, et à montrer le monde des sorciers hors de Poudlard pour la première fois, tout en économisant du temps pour le film. Cependant, le manque d’explication sur les Animagus dans le troisième film empêche de donner une dimension plus grande à Sirius Black et Remus Lupin, tout comme une exploitation complète de Rita Skeeter. L’histoire des Croupton, qui est assez forte et profonde dans le livre, est ici laissée de côté pour la longueur du film. Le Mangemort est reconnaissable grâce à son tic de langue, ce qui évite des discours inutiles lorsque son père pense le reconnaître. L’image suffit, c’est une bonne idée de mise en scène.


Ce quatrième opus comporte aussi des réussites visuelles comme le plan séquence d’introduction ainsi que le traitement des passages de nuit ou la seconde tâche. Il y aussi ce plan en contre-jour avec de magnifiques couleurs pour sublimer une vieille botte qui sera un Portoloin, cela colle à l’univers de J.K. Rowling et à l’humour que l’on peut trouver dans les livres. L’ambiance du bouquin est bien retranscrite à l’écran.


John Williams laisse sa place à Patrick Doyle pour la musique et la partition reste de grande qualité et dans la continuité de ce qui a été fait pour les trois premiers films. Les compositions épiques pour le tournoi que sont "The Golden Egg", "The Black Lake" et "The Maze" ajoutent la tension à l'image. Le thème de la mort de Cédric est déchirant et le Hewige thème du début du film annonce clairement la couleur et le changement de ton. "Harry in winter" est magnifique, elle montre la magie de l'univers avant de revenir à des choses plus sombres. Doyle a réussi à bien reprendre la suite su travail du maestro !


Les relations entre les personnages évoluent et l’adolescence est bien traitée. On voit que Ron a un grand manque de confiance en lui, qu’il a un besoin de reconnaissance par rapport à Harry, qui lui essaye de faire comprendre qu’il n’a jamais rien demandé. Ron exprime aussi sa jalousie envers Victor Krum concernant Hermione et cette dernière montre qu’elle sera toujours loyale à Harry. Elle l’aidera et l’encouragera toujours à avancer, malgré les obstacles. Ces événements vont ensuite leur permettre d’être soudés pour la suite de l’histoire.


La préparation du Bal et la soirée en elle-même permettent au film d’adopter un ton plus léger. Cela contraste avec la première partie du film et l’irruption des Mangemorts en mode KKK ainsi que le début du tournoi. Cela permet aussi d’amplifier l’effet dramatique de la tragédie finale en passant assez rapidement à une partie sombre et cruelle. La torture qu’un adolescent de 14 ans subit par le plus puissant mage noir de l’histoire, le combat final et le décès de Cédric Diggory montrent bien un changement de ton, de noirceur de l’intrigue. Le film se termine sur une note triste, il n’y a pas de vainqueur de coupe des 4 maisons, pas de retour des personnes pétrifiées ou d’un parrain innocenté. Ici, seule la menace de Lord Voldemort va commencer à perdurer.


Ce film arrive à maintenir un équilibre entre l’évolution du tournoi et le développement des personnages. Le rythme est très élevé et les 2h30 passent à grande vitesse. C’est le pivot de la saga. « Tout sera différent maintenant » dit Hermione à la fin du film. Cela concerne Harry, Ron, elle-même, l’ensemble du monde des sorciers, et nous spectateurs. En effet, Voldemort est de retour, le monde des sorciers est de nouveau en danger. L’enfant est définitivement parti et l’adolescent commence à laisser place à l’adulte, comme nous spectateurs, qui avons grandi au fil des livres, des films, en même temps que ces fabuleux acteurs et personnages.

Quentin4
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le 9 oct. 2018

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