Que ce film aura été et est, sans même s’être replongé au préalable dans le bouquin, contrariant ! Je gardais de cette séance de cinéma un piètre souvenir, et ce nouveau visionnage n’aura que confirmé mes craintes, alors à l’affût d’une escomptée débandade ; les faits sont là, Harry Potter et la Coupe de Feu étant aux antipodes de son illustre prédécesseur, et même en deçà des opus made-in-Columbus… et c’est peu dire.


Partant de là, il paraissait compliqué de succéder à Cuarón pour Mike Newell, d’autant que celui-ci avait pour lourde tâche de mettre en scène un volume des plus conséquents des aventures du sorcier balafré ; mais une adaptation difficile peut-elle tout excuser ?


Non, non et non ! De fait, cette Coupe de Feu est une piètre transposition, ni plus ni moins, le scénario paraissant suivre à la lettre un cahier des charges ôtant tout semblant de magie à une intrigue pourtant, originellement, fantastique ; que le film opère des modifications, des plus anodines aux plus flagrantes, soit, pourvu que cela combine sérieux et cohérence, mais pas au point de l’amputer de la sorte au profit d’un illogisme chronique doublé d’idioties en tous genres !


Plus précisément, le massacre tant redouté fait mine se prendre ses quartiers dès le premier quart d’heure de film, et quelle entrée en matière édifiante : pas de Dursley, une coupe du monde tenant du décor succinct (zéro immersion), des mangemorts se croyant au carnaval, un Harry Potter siestant au milieu d’un brasier, une contre-attaque ministérielle stupéfiante de ridicule... ah, et j’ai failli oublier de mentionner un Barty Croupton Jr. paumé comme pas deux, ça valait le détour, oh oui.


C’est ce qui s’appelle se lever du mauvais pied, rater son entrée en scène ou que sais-je encore, et si l’on ajoute à cela le débarquement soudain de Durmstrang et Beauxbatôns, plus leur défilé spectaculairement ridicule, voilà qui parachève une ouverture placée sous l’égide d’une précipitation des plus bancales ; la suite va alors nous donner raison en multipliant les choix douteux, la narration s’en tenant à une lecture étriquée de l’intrigue originale, le film faisant alors pire que les précédents volets (le background est réduit à son plus simple appareil, tout s’enchaîne à la vitesse grand V et l’on est bien en peine de s’emballer ne serait-ce qu’un peu).


Non content de se poser comme l’ersatz malhabile d’une œuvre palpitante, le fait de rallonger certaines séquences (telle que celle du Magyar), au mépris de nombreux axes de développements scénaristiques, ajoute au sentiment d’atrophie illogique caractérisant le tout ; par ailleurs, cela a aussi pour effet d’exacerber de bien moyennes interprétations, le faciès continuellement ahuri de Daniel Radcliffe (sans compter cette foutue coupe) s’avérant fort agaçant, tandis que Michael Gambon et son jeu « fantasque » démontre peu à peu ses limites (ce n’était pas aussi palpable dans le précédent film, mais qu’en est-il du charisme de Dumbledore ici ? Rien.).


Bref, sans revenir sur une épreuve ultime ôtée de tout piège (et suspense), que reste-t-il ? Un Maugrey somme toute convaincant (Brendan Gleeson fut un bon choix), un David Tennant approprié (à l’image d’une galerie de nouvelles têtes plutôt efficaces) et enfin une renaissance probante en fin de parcours (Ralph Fiennes n’y est pas indifférent)… un bien maigre bilan positif pour un film de bout en bout à la peine, mais voilà de quoi légitimer son visionnage, envers et contre tout.


Pour le reste, on constate sans surprise que Newell est à des années-lumière du talentueux Cuarón dans la mise en forme d’un univers aussi riche ; entre l’attaque du camp de supporter, truffée de maladresses rigides comme peu folichonnes, et une pléiade d’autres plans paresseux, Harry Potter et la Coupe de Feu transpire une prise de risque aux abonnés absents, telle l’image malheureuse d’un divertissement visuellement tout juste correct…


Je penchais entre 6 et 5 au sortir du film, mais la rédaction de cette critique (acide) me laisse penser que de pareilles notes tiennent de la mansuétude… je pense donc lui faire une fleur en lui attribuant la moyenne, mais il est certain qu’il ne mérite pas plus !

NiERONiMO
5
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le 12 avr. 2016

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NiERONiMO

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