Adapter Harry Potter et le Prince de sang-mêlé, en à peine, deux heures, n'est pas chose facile. Ce n'est pas l'épisode le plus long, du cycle ( Harry Potter et l'Ordre du phénix et Harry Potter et les reliques de la mort , sont plus longs ), mais c'est certainement le plus dense et le plus complexe, celui où il y a le plus d'intrigues intriquées ( je ne parle pas des intrigues secondaires, seulement, de celles, qui ont une importance véritable ), ce qui rend très difficile, d'adapter Harry Potter et le prince de sang-mêlé, dans un film de moins de trois heures, cette durée, étant, à mon sens, le minimum, pour adapter un tel livre.
Face à un problème de cette envergure, le réalisateur du film, en l'occurrence, David Yates, doit faire face à une alternative : soit il allonge la durée du film ( ce qui aurait inévitablement déplu, aux commerciaux, de tout bord... ), soit, il préfère, reléguer certains éléments de l'intrigue, à une place secondaire... David Yates, fait le deuxième choix, dans Harry Potter et le prince de sang-mêlé, ou, plutôt, que, les scènes impressionnantes, auxquelles on aurait pu s'attendre, dans certains cas, on a plutôt droit, à un certain minimalisme, avec des images fortes et suggestives, plutôt que des scènes épiques. L'une des choses où le film, est le plus réussi ( et où le livre, en revanche, a échoué ), c'est, dans son côté sombre, ténébreux, que David Yates, parvient à mettre en évidence, notamment grâce, à la prédominance, des couleurs froides. Contrairement au livre, qui prenait le parti, de mettre le mal à distance, en se contentant de mentionner le décès, de certains personnages, le plus souvent secondaires ( on pense à Igor Karkaroff, à Emmeline Vance et à Amelia Bones... ) et en ajoutant, à la fin, une petite attaque de Mangemorts, et bien entendu, la mort d'Albus Dumbledore, le film, lui, préfère, dépeindre le mal, partout, tout le temps, même lorsqu'on ne le voit pas, dominant tout le film, de sa menace oppressante.
On notera en outre la performance de certains acteurs ( on pense à Alan Rickman, incarnant parfaitement un Rogue impénétrable ), et les choix esthétiques, toujours pertinents. Fidèle en cela, au livre, David Yates, dépeint les sentiments et les interrogations de héros, face à ce sentiment étrange, qu'est l'amour ( qui est, d'ailleurs, l'une des thématiques récurrentes, du cycle, de J.K. Rowling ), mais il a bien compris ( ce que je ne suis pas certain, que J.K. Rowling, ait compris ), que, ni l'amour, ni le Quidditch, ni les petites histoires de collégiens, ne devaient prendre le pas, sur ce qu'il y avait de plus important et de plus intéressant, pour le monde des sorciers : Voldemort, ses actes et la lutte contre lui. C'est un assez bon film, somme toute, pas fidèle, mot pour mot, au livre, qui fait ses images propres, original, audacieux, avec avant tout et surtout, le plus important : l'image. Car, c'est la plus grande qualité, du film de David Yates : ces images puissantes, suggestives. David Yates, n'a pas fait, l'erreur, qu'avait faite Chris Colombus, dans le premier film : se contenter d'illustrer le livre, par des images, négligeant, par-là même, le fait, que, de façon inhérente, un livre et un film, sont différents, et, que, la meilleure manière de transmettre un message, dans un livre, n'est pas la meilleure manière, de transmettre un message, dans un film. Il a compris, qu'il était plus fidèle au livre, de déployer, des images fortes et des idées originales et propres au film, que, de, gâcher, le livre, en le retranscrivant au cinéma, ligne par ligne.
Les défauts ( car il y en a, c'est vrai ), ne sont, somme toute, que, sur des faits secondaires : une introduction, peu convaincante ( il faudra attendre, que nos héros, montent, dans le Poudlard Express, pour, que la magie opère ), le fait, que l'on ne voit qu'une poignée de mangemorts, à l'écran ( on n'a du mal, à croire, que Voldemort, terrorise, le monde des sorciers, avec seulement une poignée, de fidèles... On objectera peut-être, que, ce n'est pas, parce qu'on ne voit, pas le personnage à l'écran, qu'il n'existe nécessairement pas... Mais le langage du cinéma, est l'image, est des personnages, qu'on ne voient pas, ne valent pas beaucoup mieux, que, des personnages, qui n'existent pas... ), et, enfin, un Michaël Gambon, pas toujours convaincant, dans le rôle, de Dumbledore.
Ce film, est un pari, qui ne pouvait que déplaire aux puristes : le pari, de ne garder, que les éléments, les plus importants, les plus essentiels, du livre, quitte à en supprimer ou en à marginaliser à l'extrême, d'autres ( on pense à Rufus Scrimgeour, au Quidditch, au couple formé par Bill et Fleur et à celui, formé par Lupin et Tonks, ainsi, qu'à la bataille, qui se déroule, dans le roman, près de la tour d'astronomie, le soir, où Dumbledore, meurt... ). C'est un pari audacieux ; il déplaira à certains ; mais, pour moi, la différence entre l'artisan et l'artiste, est précisément l'aptitude à faire des choix audacieux et originaux, en sortant, par-là, des sentiers battus.