Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban par Nicolas Montagne
Véritable révolution dans la saga Harry Potter, le livre promettait un rude challenge au réalisateur qui accepterait de s'en charger. Ce réalisateur, c'est Alfonso Cuaron, tout droit sorti du succès colossal dans son pays de Y tu Mama tambien, film sur les tourments de l'adolescence. Or, c'est justement de ces soucis de teenagers qu'il est question dans le troisième tome écrit par J.K.Rowling. Avec Le Prisonnier d'Azkaban, la série prend un tournant résolument plus sombre, ceci correspondant au passage de l'enfance à l'âge adulte, période de transition douloureuse dans la vie de tout un chacun.
Ici, plus de joyeuse entrée à Poudlard, plus de répartition avec un mignon choixpeau magique, on attaque l'année certes avec le gonfflement d'une tante un peu trop fasciste, mais surtout avec l'attaque de créatures faisant appel aux résonnances graphiques d'un mythe universellement macabre: celui de la Faucheuse. Ces créatures sont les détraqueurs, les gardiens d'Azkaban, avides de bons souvenirs et de bonheur. Métaphores de la dépression, ils sont très bien rendus par le réalisateur mexicain qui en fait un des points forts du film. L'apprentissage du patronus est un des moments phares du film, et vaut son pesant de cacahuètes. Bref, une oeuvre aux allures burtonesques filmée tout en finesse, un renouveau artistique évident pour une série qui ne pouvait continuer sur la voie de l'allégresse.
Point de vue scénario, il fallait plus que jamais un résumé digne des explications tortueuses de la fin du livre pour faire comprendre au novice la réalité des choses. Par ailleurs, le film contient en effet des éléments non intentionnellement placés sur la fin de la série, des choses que l'on n'apprend que dans les deux derniers livres. Et même si on ne peut juger un film sur des prolepses involontaires, il faut bien avouer que cela ne lui enlève rien, bien au contraire.
En bref, le volet le plus abouti, une oeuvre d'art à part entière.