Harry Potter et les reliques de la mort - 1ère partie par Prodigy
J'avais bien aimé le précédent chapitre pour ses prises de risque stylistiques, mais j'étais le premier à reconnaître qu'objectivement il avait d'énormes problème de rythme, de construction scénaristique (la grande révélation du film était complètement foirée) et un déficit d'émotion alors qu'on était censé vivre le plus grand trauma de la saga.
Petite appréhension pour cet épisode, surtout avec les critiques entendues/lues ici et là : film chiant, bavard - je me dis ; "rebelote". Excellente surprise donc que des Reliques de La Mort part ouane, qui est pour moi, le meilleur après le 3, ce qui n'est pas peu dire vu l'estime dans laquelle je tiens le Azkaban de Cuaron, qui reste à mes yeux la meilleure oeuvre "fantasy" pour gosses (petits et grands) depuis la faste période des oeuvres de Spielberg et Zemeckis.
Disparus les problèmes de rythme, on ne s'emmerde pas une seconde malgré les scènes de parlotes - oui, mais il en faut, y'en a un peu plein le cul des personnages pas bien caractérisés, même si y'aurait sûrement encore mieux à faire ici, on est d'accord - un visuel toujours aussi soigné (la photo est magnifique), des acteurs beaucoup plus impliqués dans leur rôle qui leur donnent enfin un peu de chair, un équilibre humour/gravité qui penche plutôt en faveur de la seconde, vu qu'on est grosso modo dans l'Empire contre Attaque de la série, même si je sais déjà heureusement que le prochain épisode ne sera pas un Retour du Jedi. On reprend son souffle avec cette phrase aussi tendue qu'une poursuite en side-car sur une autoroute anglaise.
On dira ce qu'on veut, et que l'on aime pas Harry Potter pour le phénomène, c'est tout à fait compréhensible, mais Warner a au moins le mérite de pas prendre ses clients pour des cons avec une espèce de produit blindé à l'esbrouffe qui essayerait d'en donner pour son pognon à un public d'abrutis gavés au pop corn.
S'agit pas de dire non plus que c'est du Bergman, bien sûr, mais faut avouer que pour un blockbuster on est quand même dans le haut du panier, avec une réalisation classieuse, quelques idées de mise en scène inspirées, et une ambiance travaillée qui change du gentil conte de Noël un peu niais débuté il y a bientôt 10 ans. Il faut dire que la relative "noirceur" des bouquins donnait pas trop le choix.
Le film prend même le risque de choquer (gentiment) le mioche éberlué avec une direction artistique tendance gothique et quelques moments bien cruels/violents, qui prouvent qu'au moins le réal et la production n'ont pas décidé d'affadir le propos. Encore une fois, ça n'est pas du Braindead ou du Hanneke, mais au moins c'est fidèle au choix narratifs et psychologiques de Rawling. Hermione qui efface la mémoire de ses parents, ça n'est pas d'une joyeuseté extrême.
Je suis donc globalement ravi par la direction prise par cet épisode qui m'a très agréablement surpris (et pourtant j'appréhendais avec crainte le moment "un peu à chier" ou les scènes relous, comme dans les précédents), et d'autant plus super impatient de voir la suite.
Côté adaptation la saga filmée retombe correctement sur ses pattes, même si l'un des personnages majeurs est toujours aussi absent (présence à l'écran : 2 minutes). J'espère que le final lui donnera la part qui lui est due, sans quoi va y avoir maldonne. Les coupes et les raccourcis sont inévitables, mais je ne vais certainement pas faire le puriste du verbe, surtout que les adaptations littérales sont généralement les films les plus abominablement chiants à regarder (voir les Seigneurs des Anneaux, ou Dragon Rouge version Brèle Rattner). Adapte, mon petit Kloves, adapte : si je veux le verbatim je relirai les livres.
Bien, sûr si on est totalement hermétique à l'univers de Harry Potter ça n'est probablement pas la peine de s'infliger une torture, même si je pense sincèrement que les parents qui accompagnent leurs gosses risquent de moins s'emmerder et pourraient même apprécier cet épisode.
La suite (la fin), vite.