On en aurait rêvé pour chaque bouquin, ou du moins à partir des quatre et cinquième volumes, à savoir que leurs transpositions respectives se voient déclinées en deux parties, de quoi contourner les épineuses difficultés inhérentes au processus d'adaptation même ; mais à bien y réfléchir, la perspective de se retrouver avec une bonne dizaine de long-métrages aurait à son tour soulevé d'autres obstacles de tous bords, aussi se contentera-t-on d'un septième et dernier volet scindé de la sorte.
On ne pouvait donc qu'accueillir avec bon espoir cet Harry Potter et les Reliques de la Mort, dont les deux actes, sortis à un semestre (et des poussières) d'écart, voyaient le désormais incontournable David Yates prendre la direction des opérations ; et sans plus tergiverser, force est de constater que cette Partie 1 s'avère franchement surprenante en bien, telle la preuve irréfutable des bienfaits de la présente division.
Entre une adaptation plutôt minutieuse, la trame reprenant dans les grandes comme les petites lignes le cheminement du roman original, et une ambiance aux petits oignons, le plaisir du divertissement est des plus manifestes : ainsi, l'habituel effet de condensation n'est ici que très diffus, sans réelle prise sur l'intrigue, celle-ci se couplant avec justesse à une atmosphère fort captivante, de quoi maintenir l'immersion d'un spectateur ne demandant pas moins.
Au rayon des satisfactions formelles, l'empreinte visuelle du long-métrage s'avère probante, ce dernier se fendant entre autre de séquences grisantes, tandis que le tout supporte au mieux une introduction fort mouvementée ; entre renouveau et reprise du thème de John Williams, le frenchie Desplat sublime à son tour la fuite éperdue de nos trois héros, dont la quête à venir s'annonce sous les meilleurs auspices.
Fort d'une trame consciencieusement rythmée, on ne s'ennuie donc définitivement pas, ce climat fait d'une prépondérante tension ambiante nous happant de bout en bout, non sans que le film témoigne d'un équilibre jouissif au gré d'une bien belle palette de tons : amusante à ses heures perdues, cette Première Partie jongle en ce sens avec brio entre une légèreté bienvenue et un suspense n'ayant de cesse d'aller croissant, comme peut en témoigner la savoureuse séquence du Ministère de la Magie.
Le casting n'est également pas en reste, les indécrottables Radcliffe, Grint et Watson justifiant ici leur sympathique cachet avec la manière, la profondeur de leurs alter ego faisant écho à des prestations franchement justes ; la galerie secondaire enjolive le tout en concourant à l'animation d'un décor prenant à souhait, à l'image d'un Ralph Fiennes aussi crédible qu'impressionnant, ou dans une moindre mesure un Alan Rickman guettant patiemment son heure de gloire.
Bon, voilà de quoi dresser un tableau des plus encourageants, et assurément rendre compte du meilleur essai réalisé par Yates, mais Les Reliques de la Mort première du nom fait-elle aussi bien que Cuarón et son Prisonnier d'Azkaban en son temps ?
Tout d'abord, l'adaptation fort sage ci-présente se veut dans la droite lignée des derniers opus, de quoi illustrer une prise de risque encore et toujours réduite à bien peu de choses, mais cela n'est au demeurant qu'un mal pour un bien (dont la balance ne dépend que de l'avis concerné, en l'occurrence le mien ici, et je salue une fois encore le rendu magique propre au cinéaste mexicain) ; ces Reliques de la Mort s'inscrivent donc dans une logique d'adaptation pure et dure, alors probablement à son firmament sous l'impulsion bénéfique de la séparation en deux parties, mais devinez ce qui vient gripper la machine... l'adaptation même, bien entendu, et par extension la récurrente problématique attenante au maintien d'une cohérence inter-films.
C'est fou comme la prétendue (car découlant d'un regard subjectif) perfection d'une transposition peut se jouer sur des détails, cet Harry Potter n'évitant pas l'écueil du détail, peu ou prou important, écarté de l'intrigue : honnêtement, comment a-t-on pu de la sorte éclipser la Cape d'invisibilité, item on ne peut plus important et d'autant plus, d'ordinaire, entre les mains du fameux sorcier balafré ?
Ce dernier et ses acolytes abordent la vraisemblance entourant le mythe des légendaires Reliques, mais aucun n'aurait, ne serait-ce que l'idée, de mentionner cette foutue cape ? Bref, on fait son deuil avec résignation, Steve Kloves n'ayant de toute évidente pas su comment incorporer au récit cet élément fondamental et légitime, peut-être dans un souci de facilité, d'innovation (auquel cas je n'adhère pas) ou que sais-je encore, mais dieu que c'est regrettable...
De l'autre côté, on retrouve ces incontournables accrocs scénaristiques s'imposant à rebours, à l'image d'un Rufus Scrimgeour n'apparaissant que maintenant (à l'instar de la cape, il n'aura pas même été mentionné dans le Sixième volet) et réduit à un simple rôle d'utilité fonctionnelle : le long-métrage n'aborde donc en aucune façon l'axe d'intrigue lui étant associé, de quoi regretter la présence minimaliste de Bill Nighy ; toutefois, l'exemple le plus parlant en la matière restera à jamais le valeureux Dobby, ni plus ni moins ignoré depuis son passage remarqué dans La Chambre des Secrets, et dont la prise d'action ici va en l'espèce faire montre d'une émotion en berne, brillant alors d'un contraste saisissant avec le phénoménal passage littéraire (j'ai du chialer comme une madeleine ce jour là).
Sans revenir sur le miroir de Sirius Black (absent dans le cinquième film, ce qui conduit dans le septième à une éloquente curiosité scénaristique, mais là n'est pas la seule coquille), Les Reliques de la Mort démontre donc d'un potentiel en majeure partie exploité avec efficience, mais on ne pourra que regretter que de pareils travers viennent entacher un divertissement aussi palpitant ; pour le reste, la présente adaptation en deux partie aura accouché d'un premier acte dans son ensemble convaincant, de quoi laisser entrevoir un final en apothéose.