Je pourrais dire que je fais partie de cette génération, celle qui a pris goût à la lecture grâce à Rowling, celle qui attendait la sortie des bouquins plus que celle du Père Noël. Mais quand j’en parle aux gosses et que je vois l’étincelle magique dans leurs yeux, je suis heureux de constater que cette saga n’appartient pas qu’à nous, qu’elle est intemporelle et universelle.


Alors en finissant cette rétrospective qui m’aura apporté bien des surprises, j’écris ces quelques mots en espérant vous encourager à faire de même et revoir ces films sous un œil nouveau.



En apnée du début à la fin.



C'est un film à l'opposée de la première partie. On était en plein dans les relations entre personnages, dans l'émotionnel puissant, dans l’étalement des jours angoissants. Ici, on est passé à l'action acharnée, à une succession de tâches épiques à accomplir. Mais cet enchaînement, il est fluide. Et d’ailleurs, la quasi totalité du film se passe en moins de 24 heures ce qui donne du coup, un rythme de fou furieux, que rien n'arrête, on est en apnée constante.


Il y a très peu de temps pour se poser, et quand on se pose, c'est pour quelques secondes (le dragon qui reprend son souffle en haut de Gringots). Il y a un sentiment d'urgence tout le film, ton cœur bat à toute vitesse pendant deux heures. C'est un vrai blockbuster complet, un blockbuster presque apocalyptique tellement il est violent. Le bodycount est d'ailleurs beaucoup plus élevé que dans mes souvenirs, c'est un enchainement de scènes magistrales auxquelles j'ai eu des réactions fortes.


Tout ce qui est chorégraphie de combat est d'une complexité et d'une fluidité magnifique, c'est encore trois mille niveaux au-dessus de la bataille du 5, c'est Il faut Sauver le soldat Ryan et Hacksaw Ridge chez les sorciers.



Allégorie récapitulative



Certains signes ne trompent pas. C’est peut-être un détail pour certains, mais quand on y prête attention, plein d’easter eggs viennent se glisser, retraçant le chemin parcouru jusqu’ici. Par exemple, la salle sur demande est entièrement composée d’objets provenant des opus précédents.


Mais plus encore, regardez-moi cette scène, ces 90 secondes, et venez me dire qu'on atteint pas la perfection des Deux tours du Seigneur des Anneaux, de ce chaos organisé, de l’aboutissement de l’'epicness absolu.


https://www.youtube.com/watch?v=8bFOIj-XQqA


Plus encore, ces 90 secondes exceptionnelles représentent une allégorie récapitulative de l'épopée de nos héros : Les balais volants et l'ogre/géant (HP1), les araignées (HP2), les détraqueurs et le loup-garou (HP3), l'élève innocent tué (HP4), l'armée de Dumbledore (HP5), la course qui aboutit au prince de sang-mêlé (HP6).


Cette scène parfaite en terme d'action est suivie d'une scène à la puissance émotionnelle énorme : la mort de Rogue et ses souvenirs de Lily dans la pensine. C'est à la fois majestueux et d'une force dévastatrice ahurissante, avec en point d'orgue cet échange avec Dumbledore :




  • You've kept him alive so he can die at the proper moment. You've been raising him like a pig for slaughter.

  • Don't tell me now that you've grown to care for the boy ?

  • Spero Patronum.

  • Lily ? After all this time.

  • Always. So when the time comes, the boy must die ?




La technique encore une fois au rendez-vous.



La musique joue un grand rôle dans ce caractère épique (rien que l'intro avec Rogue au sommet de Poudlard, ou le thème du sort de protection de Poudlard mon dieu), Alexandre Desplat s'écarte fortement des thèmes originaux de John Williams et ça marche du tonnerre.


Niveau cinématographie et c’était le cas dans le 6 et le 7.1, c'est encore une grosse réussite pour Yates, il y a très peu de choses à lui reprocher. On a droit à des plans-séquences circulaires en pleine action, des jeux de miroir façon Contact de Zemeckis sortis de nulle part, des explosions et des sorts plus vrais que nature, des cadrages obliques renversants et j'en passe.



Ensemble, HéroïqueS.



Même si elle porte son nom, la série ne tourne pas seulement autour d’Harry, mais donne la part belle à une foule de personnages plus développés et attachants les uns que les autres. Et ils ont droit eux aussi leur final héroïque jouissif. Maggie Smith est ainsi absolument fantastique, de son combat avec Rogue à sa phrase "I've always wanted to use that spell", elle vend du rêve et rien que ces quelques minutes font d'elle une de mes actrices préférées. Si l’héroïsme de Drago s’est fait coupé au montage, on retrouve encore Neuville (sur le pont et en tuant le basilic) et Molly Weasley (Not my daughter, you bitch !).


Voilà, je vous épargne les sempiternels « mais ils n’ont pas mis ça dans le film ! », qui me font bien rire. Parce que, même en étant fan absolu, c’est possible de passer outre sans en être offusqué et renier tout le travail de Yates. Et parce que cette fois plus que jamais depuis Cuaron, en tant qu’objet filmique, cette conclusion, c’est une putin de réussite.


Méfait accompli.

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le 14 juil. 2017

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Peaky

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