Presque 15 ans après Les Petits Mouchoirs (2010), voilà une nouvelle itération larmoyante des vacances au soleil de nos petits bourgeois français. Ils n'ont pas les mêmes têtes, pas les mêmes personnalités, et encore moins la même profondeur, mais ce sont les mêmes personnes que dans le film de Canet, je vous assure.
Le film pose ses valises à Hawaï, dans l'hôtel de François Cl... de Manu Payet, qui invite tous les ans sa bande de potes à venir le voir au soleil. Petit twist, et vraie idée originale qui tient le film sur ses épaules : l'action commence pendant l'alerte missile enclenchée par erreur en 2018 sur l'île. L'horreur et la peur de la mort viennent s'infiltrer dans ce petit film de vacances, parce qu'en 2023, on ne peut plus juste faire un film feel good, il faut qu'il y ait de la profondeur (ce qui n'est pas une mauvaise chose sur le papier).
Le problème, c'est que malgré cette idée de base très intéressante, une belle affiche et un casting 5 étoiles, le film ne décolle jamais vraiment et s'abaisse à des petites histoires de couple un peu démodées. Voire à un jeu générationnel jamais vraiment assumé. Alors qu'est ce qui fait que Les petits mouchoirs était un succès, là où Hawaï est d'un ennui mordant ?
- La voix off, en 2023, c'est non. Imaginez juste une seconde Jean Dujardin raconter depuis son lit d'hôpital les vacances de ses potes avec une petite voix malade et mélancolique et vous vous rendrez compte de ce que c'est qu'Hawaï.
- La réalisation/direction artistique n'avait pas une saveur incroyable dans LPM, mais Canet arrivait -et c'est sans doute la raison du succès du film- à capter l'essence de l'été et des vacances entre potes, où les problèmes de la vie finissent toujours par éclater. Ici, tout est plat, morne, et on n'arrive jamais vraiment à croire qu'on est à Hawaï, plutôt qu'à Palavas.
- Le montage et la BO des PM prouvait que Canet savait gérer ses temps forts et faibles (à l'exception d'une fin trop larmoyante qui s'étiiiiiirait en longueur), et laissait donc la possibilités de moments cultes (Cluzet et ses lubies, Magimel et son homosexualité refoulée). À Hawaï le film commence par une séquence assez inédite en France, musclée et rushée comme dans un film d'action. Mais dès que la tension retombe, elle redevient d'une simplicité théâtrale. La musique est tout ce qu'il y a de plus publiable.
- Le casting des Petits Mouchoirs était incroyable, celui d'Hawaï n'a rien à lui envier en qualité. Les dialogues sont bien écrits, mais loin d'un humour sans limites qu'on a l'habitude de voir maintenant au cinéma. C'est presque dommage, il y avait matière à faire plus.
- Le scénario : le casting est le vrai point fort du film, mais c'est dommage que le scénario ne lui fasse pas honneur : on tombe trop vite dans des histoires déjà vues, trop prévisibles, tout çà sans finalité. Un film de vacances, qui ne détaille que les relations d'une bande de potes, est un film sans but : un film sans but ne sait pas ce qu'il veut raconter. "Hawaï" s'arrête d'ailleurs ainsi, avec une maxime en voix off sur le temps qui passe et la valeur de l'amitié, sans qu'on ait bien compris ce qu'il voulait nous montrer de plus que des vacances qu'on ne peut pas se payer (mais apparemment une bibliothécaire et un prof de sport oui) et un Manu Payet dépressif de sa vie au paradis.