Durant plusieurs années, comme il l'avait déjà fait sur Le vent sur lève, le réalisateur Kaku Arakawa va suivre Hayao Miyazaki dans la création du Garçon et le héron, où les affres du temps se font ressentir sur l'auteur, entre la perte de ses proches et les difficultés liées à l'âge.
Pour ceux qui ont déjà vu Never-ending man ou 10 ans avec, le documentaire est proche dans le principe, à savoir filmer sans langue de bois Hayao Miyazaki dans son quotidien, y compris dans l'intimité, comme la première scène où on le voit tout nu dans un onsen en compagnie de Toshio Suzuki. Mais s'il y a des moments joyeux, tout comme les saillies de Miyazaki qui sont parfois amusantes, notamment en taclant Suzuki sur son physique, le voyant comme une ampoule avec des jambes, l'ombre de la mort rôde constamment. Notamment sur sa propre existence ou le temps qui lui reste à vivre, mais aussi sur la perte de ceux avec qui il travaillait, en particulier la disparition de Hisao Takahata qui l'affecte particulièrement. Certes, il a l'air de de s'en moquer, mais au fond, il requiert toujours son attention, ce qu'il en aurait pensé, Paku-san était comme un mentor pour Miyazaki. Les quelques images que l'on voit lors de son oraison funèbre le montrent bouleversé, incapable de finir son hommage...
Durant les années de la production du film, Miyazaki apprend aussi la disparition d'autres personnes, au point qu'il parait de plus en plus isolé au fur et à mesure de la production, dessinant avec acharnement, avec ses éternelles clopes au bec, mais contrairement à ses autres films, il y a moins de monde autour de lui. Il y a toujours cet aspect artisanal qui fait plaisir à voir, toujours sans écrire de scénario ou alors en avançant à l'aveugle, mais on voit bien que Miyazaki n'est vraiment heureux et vivant que devant sa planche à dessin.
Le documentaire est illustré par de nombreux extraits de ses anciens films, mais aussi du Garçon et de l'héron, où l'aspect personnel est plus important qu'il n'y parait, aussi bien dans la gestuelle des personnages, que dans l'évocation des souvenirs où le vieil homme est clairement inspiré de Takahata ainsi que le Héro de Suzuki, en particulier à cause de son ventre qui s'arrondit.
C'est clairement dans la lignée des autres documentaires, avec le réalisateur qui parle avec Miyazaki et même la pandémie n'aura pas eu raison de sa créativité, car sa liberté est telle qu'il ne met que très rarement son masque. Le film se termine lors de la sortie du Garçon et le héron, où on apprend que c'est un carton dès le premier jour, au point que ça sera désormais un des plus gros succès du Studio Ghibli.
D'ailleurs, Miyazaki n'a pas annoncé cette fois sa retraite, et dès la fin du documentaire, il commence déjà à réfléchir à un autre sujet. Le tout avec un nouveau visage, car il s'est rasé sa fameuse barbe, qui semble le rajeunir.