Heat
7.8
Heat

Film de Michael Mann (1995)

Western urbain et Polar américain

Heat, monstre du polar urbain, incontournable des "Nineties", réunion de deux monstres du cinéma est une grande réussite. Mann, comme à son habitude allie esthétique et suspense, qualité et divertissement.

Une épopée de 2h50 dans le Los Angeles de Michael Mann, où le calme devance la tempête, où les éclats sont légions, où les tenants et aboutissants sont clairs, où la peur et le frisson sont de mise, voilà ce qu'est Heat. Tout ça et un western moderne efficace, mélange des genres, respect du bon contre la brute, destins tragiques et inéluctables ; une ville, un monde, sans pitié, cruel et dont les codes sont à respecter, où personne n'est éternel. L'histoire, partant d'une base simpliste puis sublimée par un ensemble de facteurs positifs, oppose un voleur (Robert De Niro) et sa bande à un flic (Al Pacino) aux méthodes peu conventionnelles. De là, tout s'embrique jusqu'à un face à face final tout ce qu'il y a de plus splendide.

Plus qu'une rencontre des genres, mélange de polar et de western dans un cadre urbain, Heat c'est deux monstres sacrés du cinéma dans un même film, en collaboration pour le meilleur, c'est le face à face entre deux personnages, deux symboles des films américains des années 70, 80. De Niro et Pacino, opposés l'un à l'autre, sans jamais apparaître à l'écran sur le même plan, sans jamais casser la magie qui unit et désunit deux des plus grands dans l'histoire du cinéma. Le premier face à face, dialogue ô combien prenant, annonce la couleur, le respect de l'un envers l'autre mais également la concurrence entre les deux personnages pour savoir qui passera la ligne d'arrivée, forcément seul, on l'aura compris est un moment marquant. Le second, à la fin du film, duel des contraires, est à la hauteur des attentes et se termine comme on peut s'y attendre.

Sans compter sur la photographie absolument impeccable, agrémentée de quelques effets de style très classiques finalement et qui est la marque de fabrique de Mann : le souci du détail, la précision, la lumière, la netteté. D'ailleurs le réalisateur ira encore plus loin en s'appropriant la caméra HD par la suite dans des films de qualité comme Collateral ou Public Ennemies, même si ce dernier n'atteint pas le niveau des deux autres. On sent le travail et l'ennui n'arrive pas. Les personnages complexes, sont toujours justes, en rapport avec leur milieu social, sans véritable caricature sauf peut-être du côté de Val Kilmer qui surjoue un peu.

Il ne faut pas croire que le film ne commet pas d'erreurs, mais elles sont largement oubliées lorsque l'on passe d'une scène pas forcément intéressante à une autre intense et surprenante. Un travail de qualité, dans tous ses aspects, assez juste et qui permet de réunir enfin deux figures du cinéma pour un travail somme toute bien fait. On pouvait se méfier, notamment à cause de l'ambiance Nineties parfois décevante mais l'agréable surprise de voir un vrai polar comme on les aime, respectant les codes et novateur, surprenant et attendu, sur le fil du rasoir. On s'en souviendra.
Carlit0
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le 21 avr. 2012

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