Depuis Cannes, à peu près toutes les critiques vantent les mérites d'un réalisateur de retour après onze années d'absence des plateaux de tournage : Leos Carax. Scandale totale dans la presse, pourquoi n'a-t-il pas été récompensé dans le prestigieux festival ? Bouleversant, magistral et autres superlatifs viennent même agrémenter les critiques que l'on peut lire. Tristesse et déception totale quant au film le plus surestimé de l'année à coup sûr.
On le comprend dès le départ, il est question de cinéma, on nous plonge dans la vie d'un comédien qui va se produire corps et âme pour remplir ses contrats, pour garder sa condition. A la manière d'un schizophrène, il enchaîne les rôles, plus ou moins hasardeux tout au long d'une journée d'1h55. Une critique et un hommage, une questionnement philosophique et un constat, une vie ou plutôt des vies,
Leos Carax veut nous montrer le Cinéma tel qu'il le conçoit.
Concept a priori hyper intéressant et qui peut déboucher sur un film sensoriel, une réflexion profonde sur cet art qui nous attire tous. Malheureusement, ça n'est tout simplement pas intéressant. La forme est correcte et l'idée de base excellente mais voilà, il manque quelque chose au film : une âme véritable, de quoi envouter le spectateur sans le prendre de haut, créer une réelle atmosphère grâce à une mise en scène intelligemment étudiée.
Car s'il y a une chose à retenir à la fin du visionnage c'est que Leos Carax ne nous aime pas. Il n'aime personne sinon lui et se fiche pas mal de ce que l'on ressent, il créé son univers et se fiche de laisser une porte d'entrée au spectateur, qui doit creuser jusqu'à l'épuisement pour entrapercevoir une ouverture viable. On nous prend pour des imbéciles : tout transpire la vanité, la direction d'acteurs, les scénettes, la mise en scène, jusqu'à la dernière scène. C'est simple, Leos Carax se paye le luxe de mixer tous les genres, tout ce qui peut ou ne peut faire un film en moins de deux heures, rendant le tout brouillon et sans grand intérêt.
Brouillon car le spectateur ne peut pas s'attacher à un Monsieur Merde ou à une famille de chimpanzés, ni même à une vieille dame ou à un couple séparé depuis trop longtemps, les histoires s'enchaînent et s'oublient aussi vite, on se fiche même de savoir ce qui va se passer après puisqu'on connait le schéma, le personnage est créé, interprété et puis jeté. On fait faire absolument tout et n'importe quoi à un Denis Lavant extraordinaire en ce sens où il doit suivre et tenter de faire ressortir quelque chose de ce foutoir pour ne retenir que l'entracte et cette musique sympathique.
Comble du ridicule, cette scène finale où les limousines discutent dans leur dortoir, que l'on peut présumer volée à Cars de Pixar. Critique du progrès technique, de la réduction des moyens, de la facilitation d'accès au plus grand nombre d'un cinéma intelligent. Il n'est pas question non plus de défendre le trop plein de mauvais film actuel mais de là à interdire le septième art à tout un chacun...
The Tree of Life avait le mérite d'envouter le spectateur et de le faire voyager, de l'aspirer dans une histoire touchante, métaphysique et le faire réfléchir, le forcer à trouver un sens, à se créer un argumentaire, grâce notamment à une mise en scène et des musiques sublimes. Holy Motors ne fait que provoquer l'ennui et fait travailler la patience du spectateur ayant eu le malheur de vouloir pénétrer un univers pas si intéressant. Leos Carax, triste sire.