Hedwig and the Angry Inch par LikeTheMoon
Disons-le tout de suite : « Hedwig and the Angry Inch » est un OFNI (Objet Filmique Non identifié). Il est un peu à l'image de son héro(ïne) : transgenre
Amusons nous d'ailleurs à développer cette comparaison qui semble facile mais n'est pourtant pas anodine.
Hansel était un homme qui voulait devenir femme. L'œuvre était, elle, un « musical » de Broadway dont on a voulu faire un film.
Suite à son opération ratée, Hansel n'a plus rien d'un homme, mais n'est pas pour autant devenu femme : il est Hedwig, personnage androgyne, qui tient de l'icône et cultive son image à grands renforts d'artifices (perruques excentriques, sur-maquillage...) De la même manière, l'œuvre n'est plus une comédie musicale, mais n'est pas pour autant devenu un film : elle est un OFNI, comme nous le disions, quelque part à la croisée du biopic filmé, du clip, du dessin animé, du conte, du délire onirique, du bad-trip stylisé...
Et Hedwig évolue dans cet univers comme un poisson dans l'eau...
hedwig3C'est d'ailleurs là que réside l'originalité du film : Hedwig ne nous est pas montré comme une « bête de foire » évoluant dans un monde normatif.
Au contraire, l'univers qui nous est présenté semble l'être par son regard : tout y est baroque et coloré ; le rythme y est frénétique... Les personnages secondaires qui le peuplent n'ont pas besoin d'une grande profondeur psychologique ; ils ne sont là que pour graviter autour d'Hedwig. Il est le centre de l'univers qu'il nous présente et qu'il construit à son image.
Cette cohérence, cette fusion entre personnage et univers est d'ailleurs rendue crédible par le fait que John Cameron Mitchell est à la fois acteur et réalisateur de ce film.
Il semble habité par Hedwig et nous raconte son histoire par bribes. Des bribes qu'il parsème dans ses chansons, dans ses voix-offs ou encore dans des flashes-back ultra esthétisés...
Comme les pièces d'un puzzle que le spectateur doit reconstituer.
On pourrait d'ailleurs lui reprocher cette narration par bribes, tant le puzzle est d'une simplicité enfantine à reconstituer et tant la maigreur du scénario saute vite aux yeux...
On voudrait parfois qu'Hedwig prenne le temps, s'attarde sur certains aspects de sa vie, et qu'il cesse de passer d'un sujet à l'autre, d'une chanson à l'autre, de manière aussi frénétique.
On voudrait qu'il ôte sa perruque, se démaquille et se mette à nu un peu plus que dans ces quelques secondes qui parsèment le film. Quelques secondes où l'on découvre Hedwig dans toute sa fragilité, dans toute sa vérité...
Malgré son aspect rococo qui vire parfois au grand fourre-tout, « Hedwig and the Angry Inch » est malgré tout un bel objet filmique, qui vaut surtout le détour pour sa sublime bande-son...