Zonbi no tochi e yokoso !
Si vous avez loupé tout ce qui s'est fait niveau horreur Made in Japan depuis ces dernières années, vous ne connaissez probablement pas Yoshihiro Nishimura, fer de lance des studios Nikkatsu (ou leur label Sushi Typhoon), toujours enclins à produire des élucubrations sanglante.
Après Tokyo Gore Police et Vampire Girl VS Frankenstein Girl, Nishimura s'attaque au mythe du zombie, et comme toujours avec lui, l'ensemble vire très rapidement à la folie totale, rivalisant encore et toujours plus d'ingéniosité dans la façon de faire gicler l'hémoglobine.
Dans ce Japon zombifié, une héroïne se bat pour une seule chose, récupérer son cœur, qui lui a été — littéralement — arraché par la reine des zombies, qui fut avant sa tante, mais aussi sa tortionnaire (accompagnée de son oncle). Un road-movie donc, permettant à Nishimura de mettre sur sa route tout ce qui lui passe par la tête, que ce soit un cow-boy déjanté, une créature avec plein de membres terminés par des katanas, ou encore un bébé zombie tenu en laisse (par le cordon ombilical) par sa mère (clin d'œil à Braindead probablement).
Tout comme dans Tokyo Gore Police, Nishimura profite une nouvelle fois de l'un de ses films pour critiquer le gouvernement, tout en plaçant cela avec — une relative — subtilité, afin de ne pas perdre de vue quel est le but film. Autre critique inédite, celle des fanatiques religieux, qui voient en ces morts-vivants des humains malades, et non des cadavres, ce qui aura pour effet de diviser les politiques et la population, certains voyant la vérité en face et d'autres voulant croire en une vie au-delà de la mort (ce qui rappellera l'épilogue de Shaun of The Dead).
Bref, Helldriver est une nouvelle tuerie que nous sert le maître de la réalisation gore, mais aussi des effets-spéciaux. Il s'éclate comme un petit fou, et comme ses productions s'exportent il peut se permettre d'avoir recours aux CGI pour faire toutes sortes de séquences dingues. Bon c'est vrai elle sont souvent cheap et paraissant artificielles, mais le simple fait de les voir en images est suffisamment jubilatoire pour oublier cet aspect technique. Dans le désordre on aura une course poursuite avec une voiture faite de cadavres, un zombie haut comme un gratte-ciel constitué de la même « matière », ou encore un bad-guy s'empalant sur la tour de Tokyo.
Dans les bizarreries on notera le générique qui n'apparaît qu'au bout de 48 minutes, nous faisant nous dire « ah oui c'est vrai on avait pas vu de générique », des tétons arrachés qui se transforment en fontaine d'hémoglobine, des gens qui sniffent les cornes des zombies (celles-ci sont leur seul point faible et ont des propriétés similaires à la coke) mais aussi des clins d'œil absurdes, dont la zone réservée aux zombies qui s'appellent « District 10″ , ou encore Jun Shyozaki, assistant réalisateur de The Grudge qui visite cette fameuse zone et se fait malencontreusement dévorer (un beau pied de nez à Hollywood ! A noter cependant que cette rencontre a été possible parce que Takashi Shimizu, réalisateur du film sus-nommé, a toujours été très proche de Nishimura, faisant très souvent des caméos dans ses films).
Seule ombre au tableau, une héroïne (interprétée par Yumiko Hara), qui bien que mignonne manque de verve et de sex-appeal, et fait pâle figure à côté de Eihi Shiina qui lui tient lieu de nemesis (Hara tient cependant ici sa seconde interprétation, et n'est donc pas autant rodée que Shiina).
A noter que le Bluray UK (tout comme le DVD) bénéficie d'un transfert de qualité, et propose, cerise sur le gâteau, le film en version cinéma et director's cut (la première pour les moins fans et la seconde pour les plus insatiables).
Pour conclure, les fans de Nishimura et de gore en général auront là une pellicule à mater de toute urgence s'ils veulent avoir de l'hémoglobine plein les yeux et s'éclater comme des petits fous à chacune des scènes. Le genre impliquant une absurdité totale ainsi qu'un côté cheap, les moins habitués ou friands de productions pseudo-gores Américaines risquent de ne pas du tout adhérer (ou idéalement se rabattre sur le Theatrical Cut).
Mention spéciale pour Eihi Shiina, qui interprète Rikka, la tante totalement allumé, compensant dans son rôle de méchant la gentille qui se montrait un peu faiblarde. On appréciera d'ailleurs la référence qu'elle fera au rôle qu'elle tenait dans Audition avec son « kili kili kili ».